Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
235
THUCYDIDE, LIV. III.

Chap. 108. Déjà la bataille était commencée, déjà l’aile où combattaient les Péloponnésiens avait l’avantage et enveloppait la droite de l’ennemi, quand les Acamanes qui avaient été placés en embuscade fondent sur eux par derrière et les attaquent si vivement que ceux-ci ne peuvent soutenir leur premier choc ; frappés de terreur, ils entraînent dans leur fuite la plus grande partie des troupes, qui n’avaient pu voir sans effroi l’aile commandée par Euryloque, et qui composait la plus grande force de l’armée, mise en déroute. Les Messéniens, qui, sous la conduite de Démosthène, étaient opposés à cette aile, eurent surtout l’honneur de la victoire.

Cependant, les Ampraciotes et ceux de l’aile droite, vainqueurs de leur côté, poursuivaient les ennemis vers Argos. Ce sont les hommes les plus belliqueux du pays. Mais quand, à leur retour, ils virent la défaite du principal corps de leur armée, vivement pressés eux-mêmes par les autres Acarnanes, ils s’enfuirent non sans peine jusqu’à Olpes ; un grand nombre périt en se jetant précipitamment et sans ordre dans cette place. Les Mantinéens tirent retraite en meilleur ordre que le reste de l’armée. L’action finit sur le soir.

Chap. 109. Le lendemain, Ménédée, qui remplaçait dans le commandement Euryloque et Macarius, tués tous deux dans l’action, se voyant assiégé par terre et par mer, ne savait, après une telle défaite, comment soutenir un siége, ni comment s’ouvrir une retraite. Il fit donc porter des paroles d’accommodement à Démosthène et aux généraux des Acarnanes, pour obtenir la permission de se retirer et celle d’enlever les morts : ils lui accordèrent cette dernière demande, dressèrent eux-mêmes un trophée, et recueillirent les corps des hommes qu’ils avaient perdus, et qui montaient à environ trois cents. Mais ils refusèrent d’accorder ouvertement à tous les ennemis la liberté de faire retraite ; seulement, Démosthène et les généraux des Acarnanes permirent secrètement aux Mantinéens, à Ménédée, aux autres chefs des Péloponnésiens, et à tous les hommes les plus considérables de cette nation, de se retirer promptement. Ils avaient en vue d’affaiblir les Ampraciotes et la foule des mercenaires étrangers, mais surtout de rendre suspects aux Hellènes de cette contrée les Lacédémoniens et autres Péloponnésiens, comme gens qui les trahissaient, en mettant leur propre intérêt au-dessus de toute autre considération. Ceux-ci enlevèrent leurs morts, les ensevelirent comme ils purent avec précipitation ; et ceux qui avaient obtenu la permission de faire secrètement retraite, se disposèrent à en profiter.

Chap. 110. On vint annoncer à Démosthène et aux Acarnanes que les Ampraciotes de la ville, sur le premier message par lequel on leur avait demandé du secours, venaient en masse, par le pays des Amphiloques, se joindre dans Olpes à leurs concitoyens, sans rien savoir de ce qui s’était passé. Il envoya aussitôt une partie de son armée se mettre en embuscade sur leur route et occuper les postes les plus forts ; lui-même se tint prêt à marcher contre eux avec le reste.

Chap. 111. Cependant les Mantinéens, et tous ceux avec qui l’on avait traité, sortirent du camp par petites troupes, affectant de ramasser des herbes et des broussailles ; mais une fois éloignés d’Olpes, ils se retirèrent précipitamment. Les Ampraciotes, et tout ce qu’il y avait de troupes rassemblées, ne s’aperçurent pas plus tôt de leur départ, qu’ils se mirent eux-mêmes en mouvement, impatiens de les atteindre. D’un autre côté, les Acarnanes, croyant d’abord que tous