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THUCYDIDE, LIV. VI.

mais un corps d’hoplites athéniens, soutenu par les cavaliers, l’attaqua et la mit en fuite. On lui tua quelques hommes, et cet avantage fut signalé par un trophée.

Chap. 99. Le lendemain, les Athéniens se remirent à leur mur de circonvallation : les uns s’occupaient de la partie de ce mur qui regardait le nord ; les autres apportaient des pierres et du bois de charpente, qu’on se passait de proche en proche, et qu’on déposait à Trogile, point où la circonvallation à construire, depuis le grand port jusqu’à l’autre mer, se trouvait être la plus courte.

Les Syracusains, qui suivaient en tout les conseils d’Hermocrate, l’un de leurs généraux, ne voulaient plus en venir contre les Athéniens à une affaire décisive, dont le résultat serait ou la victoire ou une entière défaite. Il leur parut qu’il était mieux d’opposer une contrevallation sur un des points par où devait passer la circonvallation des ennemis : s’ils les prévenaient, ils leur couperaient le passage ; si les Athéniens venaient les attaquer, on emploierait à protéger les travaux une seule partie de l’armée, on occuperait les débouchés, on fermerait les avenues par des palissades, tandis que l’ennemi marchant avec toutes ses forces, ne pourrait le faire sans abandonner ses ouvrages. Ils sortirent donc, et bâtirent leur mur, à partir de la ville, en commençant au-dessous [et vis-à-vis du mur] de la circonvallation des Athéniens, et donnant à ce mur une direction perpendiculaire [aux lignes des Athéniens]. Ils coupèrent les oliviers de l’hiéron, et en construisirent des tours. La flotte athénienne n’étant pas encore passée de Thapsos au grand port, les Syracusains restaient maîtres de la mer, et les Athéniens étaient obligés de faire venir par terre de Thapsos les choses nécessaires.

Chap. 100. Les Syracusains avaient construit des palissades et leur contre-mur, sans que les Athéniens vinssent les en empêcher, parce qu’ils craignaient, s’ils se partageaient, d’avoir peine à soutenir le combat, et parce que d’ailleurs ils se hâtaient de finir les travaux : les Syracusains, croyant avoir consolidé les leurs, laissèrent un corps de troupes pour les garder, et rentrèrent dans la ville. Quant aux Athéniens, ils détruisirent un aqueduc qui portait l’eau à Syracuses par des canots souterrains ; puis, remarquant que les Syracusains se retiraient sous leurs tentes vers le milieu du jour, que plusieurs même allaient à la ville, et que ceux qui étaient de garde aux palissades s’acquittaient négligemment de leur devoir, ils envoyèrent trois cents hommes d’élite et quelques troupes légères et bien armées, avec ordre de courir subitement au mur qu’on leur opposait. Le reste des troupes fut partagé en deux corps, commandés chacun par l’un des deux généraux : l’un de ces corps s’approcha de la ville pour faire face aux troupes qui en sortiraient, et l’autre se dirigea vers les palissades voisines de la porte. Les trois cents attaquèrent et enlevèrent les palissades ; ceux qui les gardaient les abandonnèrent pour se réfugier derrière les travaux avancés qui étaient au Témenite. Les Athéniens les y poursuivirent et s’y jetèrent avec eux, mais furent chassés. Là périrent quelques Argiens et un petit nombre d’Athéniens. L’armée entière, revenant à la charge, détruisit le contre-mur qu’élevaient les Syracusains, arracha les palissades, emporta les pieux, et dressa un trophée.

Chap. 101. Le lendemain, les Athéniens entreprirent, à partir de leur mur de circonvallation, de fortifier le rocher escarpé qui domine le marais, et qui,