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THUCYDIDE, LIV. VII.

colonie de Lacédémone, portèrent les armes contre les Lacédémoniens que Gylippe commandait. Les Rhodiens, Argiens d’origine, étaient obligés de combattre et des Syracusains Doriens et les habitans de Géla, Argiens, et même leurs propres colons, qui combattaient avec les Syracusains.

Les habitans de Céphallénie et de Zacynthe, voisins du Péloponnèse, quoique libres, ne laissaient pas, comme insulaires, d’être dominés par les Athéniens, maîtres de la mer, et ils les suivaient.

Les Corcyréens, non seulement Doriens, mais encore évidemment Corinthiens, firent la guerre aux Corinthiens, dont ils sont colonie, et aux Syracusains, avec qui ils ont une commune origine. Ils prétextaient l’impérieuse nécessité ; mais le véritable motif était leur haine contre Corinthe.

Ceux qu’on appelle aujourd’hui Messéniens, soit de Naupacte, soit de Pylos, qu’Athènes possédait alors, furent pris pour cette guerre, aussi bien que les exilés de Mégares, qui, en petit nombre, et par suite de leur malheur, combattirent les habitans de Sélinonte, qui sont Mégariens.

Les autres peuples qui prirent part à cette expédition le firent plutôt volontairement que par contrainte. Les Argiens s’y engagèrent moins à titre d’alliés qu’en haine de Lacédémone ; ainsi, par des animosités particulières, différens peuples suivirent, quoique Doriens, les Athéniens d’origine ionique, qui marchaient contre des peuples d’origine dorique.

Les Mantinéens et autres Arcadiens soudoyés, accoutumés à marcher contre tous ceux qu’on leur désignait pour ennemis, aussi par amour du gain, jugèrent ennemis les Arcadiens, qui marchaient avec les Corinthiens.

Les Crétois et les Étoliens se laissèrent pareillement gagner par l’appât de la solde. Ainsi les Crétois, qui avaient fondé Géla avec les Rhodiens, firent la guerre, non pas en faveur de leur colonie, mais contre elle, et non par inclination, mais pour gagner l’argent qu’on leur offrait.

Ce fut aussi par amour du gain que plusieurs Acarnanes donnèrent des secours ; mais, alliés pour la plupart, ils n’obéissaient qu’à leur amitié pour Démosthène et à leur bienveillance pour les Athéniens.

Le golfe d’Ionie bornait le territoire des peuples dont nous venons de parler. En Italie, ceux de Thurium et de Métaponte, en proie à des séditions, furent entraînés dans cette ligue, ainsi que les habitans de Naxos et de Catane en Sicile.

Entre les barbares, les Égestains, qui avaient soulevé la plupart des peuples de la Sicile et de ceux du dehors, et une partie des Thyrséniens, étaient excités par leur haine contre Syracuses. On soudoyait les Iapyges. Voilà les nations qui combattirent avec Athènes.

Chap. 58. Les Syracusains, de leur côté, eurent pour auxiliaires les Camarinéens, qui leur étaient limitrophes ; après les Camarinéens, ceux de Géla ; puis, les Agrigentins étant neutres, les Sélinontins, situés à l’opposite de Syracuses et habitant la côte de Sicile tournée vers la Libye ; ensuite les Himéréens, dont le territoire regarde la mer de Tyrrhénie ; les Himéréens, les seuls Hellènes de cette côte, les seuls aussi qui secoururent les Syracusains.

Tels sont les Héllènes de Sicile, tous Doriens et autonomes, qui les secondèrent.

Entre les barbares, il n’y eut pour Syracuses que les Sicules, ceux du moins qui ne s’étaient pas déclarés pour Athènes.

Aux Hellènes hors de la Sicile, les Lacédémoniens fournirent un général