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THUCYDIDE, LIV. VIII.

soulever en même temps les villes ; mais, un message de Chalcidée leur ayant porté l’ordre de revenir, surtout parce qu’Amorgès allait arriver par terre avec une armée, ils cinglèrent vers l’hiéron de Jupiter, d’où ils découvrirent seize vaisseaux amenés par Diomédon, et partis après ceux que commandait Thrasiclès. Un des vaisseaux s’enfuit à Éphèse, les autres se dirigèrent vers Téos. Les Athéniens en prirent quatre vides dont les hommes avaient eu le temps de se sauver à terre ; le reste gagna Téos. Les Athéniens se rendirent à Samos. Ceux de Chio, s’étant mis en mer avec le reste de leur flotte et avec leur infanterie, soulevèrent Lébédos et Ères. Tous revinrent ensuite, infanterie et vaisseaux.

Chap. 20. Cependant les vingt bâtimens péloponnésiens du Périum, que les Athéniens avaient poursuivis, et qu’ils tenaient en échec avec un nombre égal de voiles, rompant soudain la ligne qui les bloquait, remportèrent la victoire et prirent quatre vaisseaux. Arrivés à Cenchrées, ils se disposèrent de nouveau à cingler vers Chio et vers l’Ionie. Astyochus, alors navarque, arrivait de Lacédémone pour prendre le commandement de la flotte. Les troupes de terre étant sorties de Téos, Tissapherne, qui lui-même y était venu avec une armée et avait démoli ce qui pouvait rester de fortifications dans Téos, se retira aussi. Peu de temps après son départ, Diomédon, venu d’Athènes avec dix vaisseaux, obtint des Téiens qu’ils consentissent aussi à le recevoir. Il longea ensuite les côtes pour aller à Ères, tenta vainement de s’en rendre maître, et se rembarqua.

Chap. 21. Dans le même temps, la faction populaire de Samos, de concert avec des Athéniens qu’avaient amenés trois vaisseaux, se souleva contre les principaux citoyens : elle en massacra deux cents, en exila quatre cents, se partagea les maisons et les terres des proscrits, et reçut, par un décret d’Athènes, à titre d’alliée qui venait de prouver son attachement à la démocratie, le droit de se régir à l’avenir par ses propres lois : elle exclut les géomores de tout privilége, les déclara inhabiles à faire aucune donation ; et nul homme du parti populaire ne pouvait plus contracter alliance avec eux, soit en donnant ses filles, soit en prenant chez eux des épouses.

Chap. 22. Après ces événemens, dans le même été, les habitans de Chio, conservant toute leur première ardeur, se montrant en masse, sans les Péloponnésiens, pour soulever les villes, et voulant en même temps exciter le plus grand nombre possible à partager leurs périls, marchèrent seuls et sans alliés contre Lesbos, tandis que l’infanterie des Péloponnésiens présens et des alliés de la contrée se rendait à Clazomènes et à Cume, sous les ordres du Spartiate Évalas ; le périèce Diniadas commandait la flotte. Les vaisseaux abordent et soulèvent d’abord Méthymne.

Chap. 23. Astyochus, navarque lacédémonien, suivant sa première destination, se rendit de Cenchrées à Chio. Le surlendemain de son arrivée, voguaient vers Lesbos les vingt-cinq vaisseaux de l’Attique que commandaient Diomédon et Léon : car ce dernier, parti d’Athènes après son collègue, avait renforcé la flotte de dix vaisseaux. Astyochus, le même jour, s’étant mis en mer sur le soir, réunissant à sa flotte un vaisseau de Chio, vogua aussi vers Lesbos pour la secourir, s’il était possible, arriva à Pyrrha, et de là, le lendemain, à Éresse, où il apprit que les Athéniens venaient de prendre d’emblée Mitylène. En effet, les Athéniens n’étant point at-