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THUCYDIDE, LIV. VIII.

tout l’argent qu’ils en auront reçu.

» Les vaisseaux du roi arrivés, la flotte des Lacédémoniens, celle des alliés et celle du grand roi feront la guerre en commun, suivant que le jugeront à propos Tissapherne, les Lacédémoniens et les alliés ; et s’ils veulent faire la paix avec les Athéniens, ils la feront d’un commun accord. »

Chap. 59. Tel fut le traité. Tissapherne se disposa ensuite à faire venir, comme il en était convenu, les vaisseaux phéniciens, et à remplir toutes ses autres promesses. Il voulait faire voir qu’il s’en occupait.

Chap. 60. Les Béotiens, à la fin de l’hiver, prirent par intelligence Orope, où les Athéniens avaient une garnison. Ils étaient secondés par des Érétriens, et même des Oropiens, qui tramaient le soulèvement de l’Eubée. Orope touchant à Erétrie, il était impossible, tant qu’elle appartiendrait aux Athéniens, qu’elle n’incommodât pas Érétrie et le reste de l’Eubée.

Maîtres d’Orope, les Érétriens passèrent à Rhode et appelèrent les Péloponnésiens dans l’Eubée. Mais ceux-ci étaient plus pressés de porter des secours à Chio, qui se trouvait dans une fâcheuse position. Ils partirent de l’île de Rhode pour s’y rendre avec toute leur flotte. Ils étaient au cap Triopium quand ils virent en haute mer les Athéniens venant de Chalcé. Les deux flottes ne s’avancèrent pas l’une contre l’autre ; mais les Athéniens allèrent à Samos, et les Péloponnésiens à Milet : ces derniers voyaient qu’il était impossible, sans livrer un combat naval, de secourir Chio.

L’hiver finissait, ainsi que la vingtième année de la guerre qu’a écrite Thucydide.

Chap. 61. L’été suivant, dès les premiers jours du printemps, le Spartiate Dercylidas fut envoyé par terre, de Milet, sur l’Hellespont, avec une armée peu nombreuse, pour soulever Abydos, colonie de Milet ; et ceux de Chio, assiégés par mer, furent contraints de livrer un combat naval dans le moment où Astyochus ne savait comment les secourir. Il était encore à Rhode, quand ils reçurent, de Milet, pour commandant, après la mort de Pédarite, le Spartiate Léon, qu’ils avaient mandé, et qui était venu comme épibate d’Antisthène. Ils reçurent aussi douze vaisseaux qui gardaient Milet, cinq de Thurium, quatre de Syracuses, un d’Anéa, un de Milet et un de Léon. Ceux de Chio sortirent en masse, s’emparèrent d’un lieu fortifié par la nature, mirent en mer et combattirent avec trente six vaisseaux contre trente-deux d’Athènes. L’action fut vive : le jour touchait à sa fin quand ceux de Chio et leurs alliés retournèrent sans désavantage à la ville.

Chap. 62. Aussitôt après cette bataille, Dercylidas, parti de Milet en suivant les côtes, ne fut pas plus tôt arrivé dans l’Hellespont, qu’Abydos se souleva en faveur de ce Spartiate et de Pharnabaze : exemple que suivit Lampsaque deux jours après. Strombichide, à cette nouvelle, accourt de Chio avec vingt-quatre vaisseaux athéniens, dont faisaient partie des bâtimens construits pour le transport des troupes et montés par des hoplites, défait les Lampsacéniens sortis hors de leurs murs, prend d’emblée Lampsaque, qui n’était pas murée, enlève les esclaves et tous les objets à sa convenance, rétablit les hommes libres dans leurs foyers, et marche contre Abydos. La place ne se rendit pas : il y donna inutilement assaut, et se rembarqua pour aller à Sestos, ville de la Chersonèse, située sur la côte opposée et qu’autrefois les Mèdes possédaient. Il en fit une forteresse pour la garde de l’Hellespont.