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THUCYDIDE, LIV. VIII.

pris et qui étaient en bon état : les autres avaient été brûlés par ceux d’Éléonte. Ils envoyèrent Hippocrate et Épiclès en Eubée, pour en amener les bâtimens qui s’y trouvaient.

Chap. 108. Vers cette époque, Alcibiade, avec treize vaisseaux, aborda, venant de Caune et de Phasélis, à Samos. Il annonça qu’il avait détourné la flotte de Phénicie de venir se joindre aux Péloponnésiens, et qu’il avait rendu Tissapherne, plus qu’auparavant, ami d’Athènes. Il équipa neuf bâtimens en outre de ceux qu’il avait déjà, mit à contribution les habitans d’Halicarnasse, ceignit la ville de Cos d’une muraille, y établit des magistrats, et revint à Samos vers l’automne.

Tissapherne, ayant appris que la flotte du Péloponnèse était passée de Milet dans l’Hellespont, appareilla et se porta d’Aspende dans l’Ionie.

Pendant que les Péloponnésiens étaient dans l’Hellespont, les Antandriens, qui sont des Éoliens, firent venir d’Abydos et arriver à Antandros, à travers le mont Ida, des hoplites qu’ils introduisirent dans leur ville. Ils avaient à se plaindre du Perse Astacès, lieutenant de Tissapherne. Les habitans de Délos, que les Athéniens avaient chassés de leur île pour la purifier, étaient venus habiter Atramyttium. Astacès, dissimulant la haine qu’il leur portait, invita les principaux d’entre eux à une expédition, les attira sous de faux dehors d’alliance et d’amitié, et, saisissant le moment où ils prenaient leur repas, il les fit entourer de ses gens et tuer à coups de flèche. Les Antandriens, après cet acte de perfidie, craignaient de sa part de nouveaux attentats ; et comme d’ailleurs il leur imposait des charges qu’ils ne pouvaient supporter, ils chassèrent la garnison qu’il avait mise dans l’acropole.

Chap. 109. Tissapherne, informé de cette nouvelle action des Péloponnésiens, qui ne s’étaient pas contentés de ce qu’ils avaient fait à Milet et à Cnide (car ils en avaient aussi chassé les garnisons), sentit combien il leur était devenu odieux, et il avait craindre qu’ils ne lui causassent encore d’autres dommages. Il aurait été d’ailleurs très piqué que Pharnabaze pût les gagner en moins de temps et à moins de frais que lui, et obtenir quelques succès contre les Athéniens. Il résolut donc de les aller trouver dans l’Hellespont, pour leur reprocher ce qu’ils avaient fait à Antandros, et se justifier de la manière la plus plausible au sujet des vaisseaux de Phénicie, et sur d’autres points. Arrivé à Éphèse, il offrit un sacrifice à Diane.

Quand viendra la fin de l’hiver qui suivit cet été, alors sera terminée la vingt-unième année de la guerre.




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