Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/713

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
712
XÉNOPHON.

hommes et les chevaux : qu’elles se rompent ou s’usent sans qu’on puisse les remplacer, on reste les bras croisés. Ceux qui ont appris à faire des javelots, feront bien d’emporter leur doloire : il est bon aussi de se munir d’une lime ; en aiguisant sa pique, on aiguise son courage : on rougirait d’être lâche, lorsqu’on a des armes affilées. Il faut encore avoir beaucoup de bois de charronnage, pour raccommoder les chars et les chariots : quand on a beaucoup à faire, quelque chose doit nécessairement arrêter. Aux matériaux on joindra les outils indispensables ; car on n’a pas des ouvriers partout : et cependant il en faut beaucoup pour le travail de chaque jour. On mettra sur chaque chariot une faucille et un hoyau ; sur chaque bête de charge, une hache et une faux : ces instrumens sont toujours utile aux particuliers, et souvent à l’armée entière.

Vous, commandans des hoplites, informez-vous exactement si vos soldats ont une provision suffisante de vivres : ne négligeons rien de ce qui leur est nécessaire ; ce serait nous négliger nous-mêmes. Vous, chefs des bagages, examinez si l’on a chargé sur les bêtes de somme tout ce que j’ai ordonné ; et contraignez ceux qui n’ont point obéi. Vous, intendans des pionniers, vous avez la liste des acontistes, des archers, des frondeurs, que j’ai réformés : à ceux qui servaient dans les acontistes, donnez une hache propre à couper du bois, aux archers un hoyau, aux frondeurs une serpe ; faites-les marcher, avec ces instrumens, par petites troupes, à la tête des équipages, afin qu’au besoin vous aplanissiez les chemins difficiles, et que je sache où vous prendre, lorsque vous me serez nécessaires.

J’emmènerai des armuriers, des charrons, des cordonniers, tous de l’âge où l’on porte les armes, et munis de leurs outils : ainsi l’armée ne manquera d’aucune des choses qui dépendent de leur métier. Ils feront un corps séparé des soldats, et auront un lieu fixe où ils travailleront pour qui voudra les employer en payant. Si quelque marchand veut faire le commerce à la suite de l’armée, qu’il garde ses provisions, durant le nombre de jours que je viens de fixer : s’il vend avant l’expiration de ce terme, ses marchandises seront saisies ; mais il pourra, le terme passé, les débiter comme il le jugera à propos. Au reste, les marchands les mieux approvisionnés seront honorés et récompensés des alliés et de moi. Si quelqu’un d’entre eux n’a pas de fonds suffisans pour faire ses achats, qu’il amène avec lui des gens qui le connaissent et me garantissent qu’il nous suivra, je l’aiderai de ce que je possède. Voilà ce que j’avais à dire ; que ceux qui trouvent que je n’ai pas tout prévu, m’avertissent. Allez rassembler les bagages ; pour moi, je vais offrir un sacrifice pour notre départ : dès que j’aurai rempli ce devoir religieux, je donnerai le signal. Que les soldats pourvus de tout ce que j’ai ordonné, se rendent auprès de leurs officiers, dans le lieu indiqué : et vous, commandans, lorsque vos rangs seront formés, venez tous me trouver, pour apprendre quels postes vous occuperez. »

Chap. 3. Les ordres reçus, on se dispose à partir ; Cyrus sacrifie : les présages lui ayant paru favorables, il se mit en marche avec son armée. Le premier jour, il campa le plus près possible du lieu d’où il était parti, afin que si l’on oubliait quelque chose on fût à