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ARRIEN, LIV. I.

à l’abri d’un coup de main. Il apprend en route que les Aspendiens ne tiennent aucune des conditions convenues ; qu’ils ont refusé de livrer les chevaux à ceux envoyés pour les recevoir, et de compter l’argent ; qu’ils ont retiré tous les effets de la campagne dans la ville, fermé leurs portes aux députés d’Alexandre, et mis leurs murs en état de défense. Il tourne aussitôt vers Aspende ; cette ville est assise sur un roc escarpé, et baigné par l’Eurymédon. Sur la pente et au pied du rocher s’étend une partie assez considérable de bâtimens, entourée d’un faible rempart. Désespérant de s’y maintenir, les habitans les abandonnèrent à l’approche d’Alexandre, dont la première opération fut, en arrivant, de franchir le rempart, et d’occuper les lieux qu’ils venaient de quitter. Ainsi menacés inopinément par Alexandre, et cernés par toute son armée, les Aspendiens lui envoyèrent de nouveaux députés pour offrir d’acquitter les stipulations précédentes. Alexandre, considérant la position du rocher, et quoique peu disposé à faire un long siége, ajouta cependant de nouvelles conditions ; qu’ils auraient à livrer en otages les principaux de la ville, le nombre de chevaux promis, et le double des talens stipulés ; qu’ils reconnaîtraient un satrape du choix d’Alexandre ; paieraient un tribut annuel aux Macédoniens, et feraient terminer en justice le différend élevé entre eux et leurs voisins, sur la possession d’un territoire qu’on les accusait d’avoir envahi.

Ces conditions accordées, il retourne à Pergues, et passe dans la Phrygie ; il devait s’avancer sous la ville de Telmisse, occupée par des Barbares qui tirent leur origine des Pisidiens : elle est élevée sur une hauteur escarpée et inaccessible, où la route même pratiquée est extrêmement difficile ; car le mont s’étend depuis la ville jusqu’au chemin où il finit. En face de celui-ci s’élève un autre mont aussi escarpé, de sorte qu’ils forment une barrière de chaque côté de la route, dont il est facile de fermer le passage, en gardant les hauteurs avec les moindres forces. Ceux de Telmisse les occupent avec toutes leurs forces rassemblées.

À cette vue, on campe, par ordre d’Alexandre, comme on peut. Il pensait que les Barbares, à l’aspect des dispositions des Macédoniens, ne laisseraient point dans ce poste toutes leurs troupes, mais que la plus grande partie se retirerait dans la ville après avoir laissé quelques hommes sur les hauteurs : l’événement justifia son attente. Alexandre prenant aussitôt avec lui les archers, ses troupes légères, et les plus prompts des Hoplites, attaque le poste. Ceux de Telmisse, accablés de traits, l’abandonnent. Alexandre, ayant franchi le défilé, campe sous les murs de la ville ; il y reçoit les députés des Selgiens, peuple belliqueux, qui doit aussi son origine aux Barbares de la Pisidie, et dont la ville est considérable. Anciens ennemis de ceux de Telmisse, ils venaient demander à Alexandre son amitié ; il fait alliance avec eux, et depuis ils le servirent à toute épreuve.

Le siége de Telmisse paraissant devoir traîner en longueur, il marche sur Salagasse, ville assez grande, habitée par les Pisidiens, aussi distingués par leur bravoure entre les leurs, que les Pisidiens eux-mêmes entre les autres peuples. Ils occupèrent une montagne qui protégeait la ville, et qu’ils croyaient pouvoir opposer à l’ennemi comme un rempart. Alexandre dispose ainsi l’attaque. Il place les Hypaspistes à l’aile droite qu’il commande ; près d’eux, les Hétaires de pied s’étendent jusqu’à l’aile gauche, dans l’ordre assigné aux chefs