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ARRIEN, LIV. II.

à l’attaque des murs, les ébranle du premier choc et en abat une grande partie. Il fait alors succéder, aux premiers, deux bâtimens qui portaient des ponts pour passer sur les ruines, montés, l’un par les Hypaspistes sous le commandement d’Admète, l’autre par des hétaires à pied sous celui de Cœnus. Il se propose lui-même de pénétrer par la brèche avec les Hypaspistes, il fait avancer ses trirèmes vers l’un et l’autre port, afin de s’en emparer au moment où les Tyriens couraient aux remparts. Les autres vaisseaux, chargés de machines et d’archers, tournent les murs avec ordre d’attaquer sur tous les points accessibles, ou du moins de se tenir toujours à la portée du trait, pour que les Tyriens, pressés de toutes parts, ne sussent où donner.

Cependant les vaisseaux commandés par Alexandre, jettent leurs ponts ; les Hypaspistes montent courageusement la brèche ; à leur tête Admète se distingue par des prodiges de valeur ; Alexandre lui-même les suit afin de partager leurs dangers, et d’être témoin des exploits de chacun d’eux. Il se rend maître de cette partie des murs ; les Tyriens font peu de résistance dès que les Macédoniens combattent de pied ferme, et n’ont plus le désavantage de gravir sur un rempart escarpé. Admète, qui monta le premier à la brèche, tombe percé d’un coup de lance au moment où il encourage les siens.

Alexandre s’ouvre alors un passage avec ses Hétaïres ; s’empare de quelques tours et de la partie intermédiaire des murs, et marche vers le palais le long des remparts, d’où l’on descendait facilement dans la ville.

Cependant sa flotte, réunie à celle des Phéniciens, attaque le port qui regarde l’Égypte, en rompt les barrières ; coule à fond tous les vaisseaux qu’elle y trouve ; chasse les plus éloignés du rivage ; brise les autres contre terre, tandis que les Cypriens, trouvant le port en face de Sidon sans défense, s’en emparent et pénètrent aussitôt dans la ville.

Les Tyriens abandonnent leurs murs au pouvoir de l’ennemi, se rallient dans l’Agénorium, et de là font face aux Macédoniens. Alexandre les attaque avec les Hypaspistes, en tue une partie, et se met à la poursuite des autres. Il se fait un grand carnage, la ville étant prise du côté du port, et les troupes de Cœnus entrées ; les Macédoniens furieux n’épargnaient aucun Tyrien : ils se vengeaient de la longueur du siége et du massacre de quelques-uns des leurs que les Tyriens, ayant fait prisonniers au retour de Sidon, avaient égorgés sur leurs remparts, à la vue de toute l’armée, et précipités dans les flots. Huit mille Tyriens furent tués. Les Macédoniens ne perdirent, dans cette affaire, que vingt Hypaspistes, avec Admète, percé sur le rempart dont il venait de s’emparer, et, pendant tout le siége, quatre cents.

Le roi Azelmicus, les principaux des Tyriens et quelques Carthaginois qui, après avoir consulté l’oracle, venaient sacrifier à Hercule, dans la Métropole, selon l’ancien rite, s’étaient réfugiés dans son temple ; Alexandre leur fit grâce : le reste fut vendu comme esclave, au nombre de trente mille, tant Tyriens qu’étrangers.

Alexandre sacrifie à Hercule ; la pompe fut conduite par les troupes sous les armes ; les vaisseaux mêmes y prirent part. On célébra des jeux gymniques dans le temple, à l’éclat de mille flambeaux ; Alexandre y consacra la machine qui avait battu le mur en brèche, et un vaisseau qu’il avait pris sur les Tyriens, avec une inscription peu