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ARRIEN, LIV. III.

connaissait parfaitement tous les lieux dont il disposait, tandis qu’engagés sur un terrain inconnu les Grecs auraient eu à se défendre non seulement contre les vainqueurs, mais encore contre les prisonniers dont la multitude pouvait les accabler, je ne dirai point seulement en cas d’échec, mais même en cas d’avantage peu marqué. Je trouve, d’après ces considérations, autant de sagesse que de grandeur dans la réponse d’Alexandre.

Chap. 5. Darius resta rangé en bataille toute la nuit. Il avait négligé de fortifier son camp, et il craignait une surprise. Rien ne nuisit davantage à son parti que cette longue attente sous les armes. Cette crainte qui se réveille à l’approche d’un grand combat, avait depuis long-temps pénétré dans le cœur de ses troupes.

Telles furent les dispositions de Darius : on retrouva ce plan après la bataille, si l’on en croit Aristobule.

À la gauche la cavalerie de la Bactriane avec les Dahes et les Arachotes ; près d’eux la cavalerie et l’infanterie persanes, confondues. Les Perses, appuyés sur les Susiens, les Susiens sur les Cadusiens, s’étendaient depuis la pointe de l’aile gauche jusqu’au milieu du corps de bataille.

À la droite, les Cœlo-Syriens et les habitans de la Mésopotamie soutenus par les Mèdes, ensuite les Parthes et les Saques ; enfin les Topyriens et les Hyrcaniens touchant aux Albaniens et aux Sacesiniens qui venaient rejoindre le centre où Darius paraissait au milieu de sa famille et des nobles de son empire, entouré des Indiens, des Cariens Anapastes, et des archers Mardes.

Les Uxiens, les Babyloniens, les Sitaciniens et les habitans des bords de la Mer rouge étaient rangés derrière sur une seconde ligne.

Darius avait protégé son aile gauche, en face de la droite d’Alexandre, par la cavalerie Scythe, mille Bactriens, et cent chars armés de faux. Cinquante autres et la cavalerie de l’Arménie et de la Cappadoce étaient au devant de l’aile droite. Un pareil nombre de chars armés de faux et les éléphans couvraient le centre où Darius avait encore rassemblé autour de lui l’infanterie grecque à sa solde, la seule qu’il put opposer à la phalange macédonienne.

Alexandre disposa son armée dans l’ordre suivant : sa droite était composée de la cavalerie des Hétaires ; au premier rang la compagnie royale, sous les ordres de Clitus : ensuite celles de Glaudias, d’Ariston, de Sopolide, d’Héraclite, de Démétrius, de Méléagre, et enfin d’Hégéloque. Philotas eut le commandement général de cette cavalerie.

Elle était appuyée sur l’infanterie, formée de la phalange macédonienne : on y distinguait l’Agéma, les Hypaspistes conduits par Nicanor ; les bataillons de Cœnus, de Perdiccas, de Méleagre, de Polysperchon, d’Amyntas, qui, envoyé en Macédoine pour des recrues, avait été remplacé alors par Simias.

À la gauche de la phalange, la troupe de Cratérus. Il commandait toute l’infanterie de cette aile, et Parménion en dirigeait toute la cavalerie composée des alliés sous les ordres d’Érigius, et des chevaux Thessaliens sous ceux de Philippe. Parménion avait autour de lui l’élite thessalienne, les Pharsaliens.

Tel était le front de la bataille. Derrière s’étendait une seconde ligne mobile dont les chefs avaient ordre de faire volte face, si les Perses tentaient d’envelopper l’armée ; ils devaient étendre ou resserrer leur phalange au besoin.

À la droite, près les compagnies royales, étaient disposés la moitié des Agriens sous les ordres d’Attalus, en-