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ARRIEN, LIV. III.

mille stipendiaires étrangers, sous la conduite de Paron Phocéen et de Glaucus d’Étolie.

Le vaincu prenait la route de la Médie, dans la pensée qu’Alexandre suivrait celle de Suse et de Babylone, parce qu’il y trouverait des vivres et plus de facilités dans sa marche. Babylone et Suse étaient, en quelque sorte, le prix de la victoire ; et la route de la Médie était difficile à tenir pour une grande armée.

Il ne se trompa point ; Alexandre en sortant d’Arbelles marcha sur Babylone. Près de ses murs il range son armée en bataille. Tous les habitans sortent à sa rencontre, précédés des prêtres et des magistrats, et lui livrant la ville et la citadelle, apportent des présens, des trésors.

Le conquérant entre dans Babylone ; il ordonne de relever les temples détruits par Xerxès, particulièrement celui de Bélus, auquel les Babyloniens rendent un culte spécial.

Mazée est nommé satrape ; Apollodore d’Amphipolis, commandant des troupes. Asclépiodore est chargé du recouvrement des tributs ; Mythrinès, qui avait livré la ville de Sardes, obtient le gouvernement de l’Arménie.

Alexandre a des conférences avec les mages, les consulte sur tout ce qui concerne la restauration des temples, et sacrifie, d’après leurs conseils, à Bélus.

Il marche vers Suse. Le fils du satrape vient à sa rencontre avec un courrier, de Philoxène qu’Alexandre avait dépêché à l’issue du combat vers cette ville, lequel lui annonce que Suse et ses trésors sont en son pouvoir.

Alexandre arrive en cette ville le vingtième jour de marche ; il s’empare des trésors ; l’argent seul montait à cinquante mille talens. Parmi les meubles de prix, on trouva plusieurs objets que Xerxès avait enlevés de la Grèce, entre autres les statues d’airain d’Harmodius et d’Aristogiton. Alexandre les renvoya aux Athéniens : on les voit encore aujourd’hui dans le Céramique, du côté où l’on monte vers la ville, vis-à-vis le temple de Cybèle, près l’autel des Eudanemiens qui s’élève dans le portique connu de tous les initiés aux mystères d’Éleusis.

Alexandre fait célébrer, selon l’usage des Grecs, une fête aux flambeaux et des jeux gymniques. Il nomme satrape des Susiens Abulites, Persan ; laisse le commandement de la citadelle à Mazare, l’un des Hétaires ; celui de toutes les troupes, à Archelaüs, et marche vers les Perses. Il envoie Ménès vers les côtes de la Syrie, de la Phénicie et de la Cilicie, en qualité de satrape, et lui remet trois mille talens, avec ordre d’en faire passer à Antipater autant qu’il sera nécessaire pour soutenir la guerre contre les Lacédémoniens.

Amyntas arrive avec les troupes levées en Macédoine. Alexandre jeta la cavalerie dans les cadres des Hétaires, et les fantassins dans ceux de l’infanterie, par ordre de nations. Ensuite il divisa en deux corps, placés à chaque aile, celui de la cavalerie qui, jusque-là n’en avait forme qu’un seul. Il leur donna pour chefs les plus vaillans des Hétaires.

Alexandre part de Suse avec son armée, traverse le Pasitigre et entre dans le pays des Uxiens. Ceux d’entre eux qui habitaient les plaines et soumis à la domination des Perses se rendirent. Les montagnards indépendans annoncent au Macédonien qu’il ait à leur payer le tribut qu’ils exigeaient des rois de Perse pour le passage. Mais Alexandre : « Je vous conseille de vous rendre dans ces défilés où vous devez m’arrêter ;