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ARRIEN, LIV. IV.

viendrait lui-même prendre les ordres d’Alexandre.

Pharasmane, roi des Chorasmiens, vint sur ces entrefaites trouver Alexandre avec quinze cents chevaux ; il annonçait qu’il était voisin de la Colchilde et de la contrée des Amazones ; que si le dessein d’Alexandre était de tourner ses armes de ce côté, et de soumettre les nations voisines du Pont-Euxin, il offrait d’être son guide et de le défrayer dans la route.

Alexandre répondit d’abord à la députation des Scythes avec bienveillance ; et appropriant son discours aux circonstances, il écarte le projet d’un hymen étranger. Après de justes éloges donnés à Pharasmane et l’avoir reçu au nombre de ses alliés, il lui dit qu’il n’entrait point dans ses vues de se diriger vers le Pont, mais vers l’Inde, dont la conquête rangerait toute l’Asie sous ses lois ; que, l’Asie soumise, il rentrerait dans la Grèce par l’Hellespont et la Propontide, et tournerait vers l’Euxin avec toutes ses forces de terre et de mer, qu’il réclamerait alors les promesses de Pharasmane. Il le renvoie et l’adjoint au perse Artabaze, qu’il avait nommé satrape des Bactriens et des peuples voisins.

Alexandre marche de nouveau vers l’Oxus, contre les Sogdiens retirés dans leurs places fortes, après avoir refusé d’obéir au satrape qu’il leur avait donné. Il campe aux bords du fleuve : on vit, dit-on, sourdir près de la tente d’Alexandre deux fontaines, l’une d’eau vive, et l’autre d’huile. Ptolémée, averti le premier de ce prodige, en instruit Alexandre, qui sacrifie après avoir consulté les devins. Aristandre lui prédit de grands travaux et la victoire.

Il pousse vers les Sogdiens avec une partie de l’armée, après avoir laissé Polysperchon, Attalus, Gorgias et Méléagre, avec une partie de ses troupes dans la Bactriane, pour prévenir les troubles, contenir les Barbares et combattre les révoltés. Il divise son armée en cinq corps ; le premier, sous la conduite d’Éphestion ; le second, sous Ptolémée ; le troisième, sous Perdiccas ; le quatrième, sous Cœnus et Artabaze ; et, dirigeant lui-même le cinquième, il s’avance vers Maracanda. Les autres se portèrent de différens côtés, et, faisant le siége des places, contraignirent les révoltés à se rendre de force ou de composition. Ces différens corps, après avoir parcouru la Sogdiane, se réunissent sous les murs de Maracanda, Héphæstion est chargé de conduire des colonies dans les villes de la Sogdiane ; Cœnus et Artabaze marchent vers les Scythes, chez lesquels Spitamène s’était réfugié.

Alexandre, avec le reste de l’armée, entre dans la Sogdiane, dont il soumet facilement les villes occupées par les Barbares révoltés.

Cependant Spitamène, avec une poignée de transfuges sogdiens qui s’étaient retirés en Scythie, et six cents chevaux Massagètes, attaque une place frontière des Bactriens, la surprend, égorge la garnison et en fait le commandant prisonnier. Enflé de ce succès, il s’approche peu de jours après de Bactres, et se contente, sans l’assiéger, de ravager les environs.

Les Grecs avaient laissé malades dans ces murs plusieurs cavaliers des Hétaires, Pithon, à la tête de quelques officiers domestiques et le Citharœde Aristonicus. Ils étaient convalescens, ils pouvaient déjà porter les armes et monter à cheval. À la nouvelle de l’incursion des Scythes, rassemblant quatre-vingts chevaux stipendiaires laissés en garnison à Bactres, et quelques-uns des adolescens, ils courent sur les Massagètes. Cette sortie imprévue les rend maîtres de tout le butin des Scythes dont ils