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ARRIEN, LIV. IV.

gré le désavantage du lieu et l’infériorité du nombre. Comme il avait de la peine à gravir la hauteur, il laisse son cheval et met pied à terre. L’Indien accourt avec les siens à sa rencontre, et frappe Ptolémée d’un coup de pique rompu par la cuirasse. Ptolémée perce l’Indien à la cuisse, le renverse, le dépouille de ses armes. Les Barbares à cette vue prennent aussitôt la fuite. Ceux qui occupaient les sommets, s’indignant de voir le corps de leur chef au pouvoir de l’ennemi, accourent ; on livre autour du cadavre un combat sanglant. La troupe d’Alexandre met pied à terre et vient soutenir les Grecs ; on repousse les Barbares avec peine ; ils abandonnent enfin le corps et le champ de bataille. On franchit les hauteurs ; on arrive à la ville d’Arigée, elle venait d’être brûlée et abandonnée par les habitans.

Sur ces entrefaites arrive Cratérus, qui a rempli la commission d’Alexandre. Frappé des avantages qu’offrait la situation, le prince ordonne à Cratérus de relever les murailles de la ville, et de la repeupler des hommes des nations voisines qu’on pourrait attirer, ainsi que des soldats hors de service.

Il continue de poursuivre les Barbares, et campe aux pieds de la montagne qu’ils occupent.

Ptolémée, envoyé aux fourrages et à la découverte, rapporta qu’on apercevait un plus grand nombre de feux allumés dans l’armée des Barbares que dans celle des Grecs. Cette observation ne suffit pas à Alexandre. Cependant, conjecturant que les Barbares devaient être en grand nombre, il laisse une partie de son armée aux pieds de la montagne, et prenant avec lui les troupes qu’il juge propres à cette expédition, il se dirige du côté des feux, et partage alors ses troupes en trois corps : le premier, sous le conduite de Léonnatus, soutenu des troupes d’Attalus et de Balacre ; le second sous les ordres de Ptolémée, qui mène avec lui le tiers des Hypaspistes royaux, les phalanges de Philippe et de Philotas, deux mille archers, les Agriens et la moitié de la cavalerie. Lui-même conduit le troisième vers le plus épais des forces des Barbares.

Ces derniers, à la vue des Macédoniens, méprisent le petit nombre qu’ils aperçoivent, descendent en foule des hauteurs qu’ils occupent ; une action vive s’engage dans la plaine ; ils sont facilement défaits.

Ptolémée avait une position moins avantageuse. En effet, les Barbares, en ordre de bataille, occupaient les flancs des montagnes. Les Grecs se dirigent du côté le plus accessible, négligeant de cerner entièrement les hauteurs pour laisser aux ennemis les moyens de se retirer. L’attaque fut des plus chaudes : les Indiens avaient pour eux la supériorité du poste, et ce courage qui les élevait au-dessus des autres Barbares voisins. Cependant les Macédoniens parviennent à les chasser des hauteurs.

Léonnatus, de son côté, remporta les mêmes avantages.

Au récit de Ptolémée, on fit quarante mille prisonniers ; on enleva deux cent trente mille vaches, qui surpassaient en hauteur et en beauté toutes celles connues. Alexandre fit réserver les plus rares pour les faire passer en Macédoine.

Chap. 9. Alexandre s’avance contre les Assacéniens, qui l’attendaient avec trente mille hommes de pied, deux mille chevaux et trente éléphans. Cratérus ayant rebâti Arigée selon l’ordre d’Alexandre, vient le retrouver avec l’infanterie pesamment armée, et les machines de siége.

Alexandre, suivi de la cavalerie des Hétaires, des archers à cheval, des