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ARRIEN, LIV. IV.

fait cerner dans l’ombre et massacrer jusqu’au dernier.

Il entre ensuite dans la ville dégarnie de défenseurs, et s’y rend maître de la mère et de la fille d’Assacénus. Alexandre ne perdit dans ce siége que vingt-cinq hommes.

Il détache Cœnus vers la ville de Bazire, comptant sur sa reddition à la nouvelle de la prise de Massagues. Attalus, Alcétas et Démétrius Hipparque doivent tirer une circonvallation autour de la ville d’Ores, et la bloquer jusqu’à son arrivée. Les habitans de cette dernière font une sortie, mais Alcétas et les Macédoniens les repoussent facilement, et les renferment dans la ville.

Cœnus ne réussit point dans son entreprise : les habitans de Bazire se confiant dans la force de leur place, en effet elle s’élevait sur une hauteur entourée de tous côtés par une forte muraille, rejetèrent la proposition de se rendre. Alexandre y marche.

Il apprend en route que plusieurs des Barbares voisins, détachés par Abissare, doivent se jeter dans Ores. Aussitôt il charge Cœnus d’élever un fort près de Bazire, d’y laisser une garnison pour bloquer les habitans, et de le rejoindre avec le reste de ses troupes. Ceux de Bazire, après le départ de Cœnus, méprisant le petit nombre des Macédoniens, font une sortie : une action vive s’engage ; cinq cents Barbares sont tués ; soixante-dix sont faits prisonniers ; le reste est repoussé en désordre dans les murs où les Grecs du fort, soutenus par ce succès, les renferment plus étroitement.

D’un autre côté, Alexandre termina facilement le siége d’Ores ; la place fut prise du premier assaut : il y trouve des d’éléphans dont il s’empare.

À cette nouvelle, ceux de Bazire perdent courage, et abandonnant leur ville au milieu de la nuit, se réfugient avec les autres Barbares sur le rocher d’Aorne.

Chap. 10. Cette roche est le plus fort boulevard du pays. On assure que le fils de Jupiter, Hercule, ne put en triompher.

Ce rocher a de tour deux cents stades, et sa moindre élévation est de onze ; on n’y peut monter que par un escalier taillé dans le roc ; de son sommet coule une source pure et abondante ; on y trouve un bois et une étendue de terres labourables, dont le produit peut suffire à la subsistance de mille hommes.

Ces renseignemens, et surtout la tradition concernant Hercule, enflamment Alexandre. Il jette des garnisons dans Ores et Massagues, pour contenir ce pays et rebâtir la ville de Bazire. Héphæstion et Perdiccas, après avoir élevé les murs d’Orobate, y laissent une garnison et tirent vers l’Indus, où ils font toutes les dispositions pour le passage. Nicanor, l’un des Hétaires, est nommé satrape du pays, en-deçà du fleuve.

Alexandre marche lui-même vers l’Indus, soumet, par composition, la ville de Peucéliotis, qui se trouve sur son passage, et peu éloignée du fleuve ; il y laisse une garnison macédonienne sous les ordres de Philippe.

Il prend plusieurs autres petites places sur les bords de l’Indus, accompagné de Cophée et d’Assagète, hyparques de la province.

Arrivé à Embolime, ville voisine du rocher d’Aorne, il y laisse une partie de l’armée sous le commandement de Cratérus, avec ordre d’y amasser des vivres et les provisions nécessaires pour un long séjour, afin que les Macédoniens pussent, au sortir de cette ville, prolonger le siége d’Aorne, si la place n’est emportée d’assaut.

Lui-même, à la tête des archers, des

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