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ARRIEN, LIV. V.

diens qui bordent les frontières du royaume de Porus, et nommés les Glauses ou les Glaucaniques, peu importe.

Prenant avec lui la moitié des Hétaires qui lui restait, l’élite de chaque corps d’infanterie, tous les Archers à cheval, les Agriens et les hommes de trait, Alexandre pénètre dans leur pays ; tous les habitans se rendent. Il est maître de trente-sept villes, dont les moindre sont peuplées de cinq mille habitans, et dont la plupart en comptent plus de dix mille, sans parler d’une multitude de bourgs et dont la population ne le cédait point à celle des villes : il les ajouta au domaine de Porus, avec lequel il réconcilie Taxile. Ce dernier retourne dans ses états.

Alexandre reçoit des députés d’Abyssare, qui lui soumet sa personne et son royaume. Avant la défaite de Porus, Abyssare avait projeté de se réunir au prince Indien ; il offrait alors à Alexandre des trésors, et quarante éléphans qu’amenaient son frère et les premiers de sa cour. Mais Alexandre : « Qu’Abyssare vienne se rendre lui-même, ou j’irai, à son grand repentir, le trouver à la tête de mon armée. »

Il vint une députation des Indiens indépendans, et d’un autre Porus, hyparque de l’Inde. On vit arriver aussi Phratapherne à la tête des Thraces que lui avait laissés Alexandre, et des envoyés de Sisique, satrape des Assacéniens, qui annonçait leur défection après le massacre de leur hyparque.

Alexandre envoie contre eux Philippe et Thyriaspe avec une armée pour les réduire et les contenir.

Il s’avance vers l’Acésinès, le seul de tous les fleuves de l’Inde que Ptolémée ait décrit. Selon cet historien, l’Acésinès, à l’endroit où l’armée d’Alexandre le passa sur des radeaux et des bâtimens, est extrêmement rapide, large de quinze stades, et semé d’écueils et de rochers contre lesquels ses flots s’élèvent, se brisent avec fracas, et ouvrent des gouffres écumans. Il ajoute que les radeaux abordèrent facilement, mais que les bâtimens se brisèrent presque tous contre les écueils, et qu’il y périt beaucoup de monde.

Ce passage confirme l’assertion des historiens sur l’Indus, auquel ils donnent quarante stades dans sa plus grande largeur, quinze au plus étroit et au plus profond de son cours. Telle est sa largeur la plus ordinaire.

J’incline à croire qu’Alexandre passa l’Acésinès dans sa plus grande largeur, où il devait être moins rapide. Il laissa Cœnus sur le rivage avec son détachement, pour favoriser le passage du reste des troupes qui avaient été s’approvisionner dans les contrées soumises. Il renvoie Porus, et le charge de lui amener l’élite des Indiens les plus belliqueux, avec les éléphans qu’il pourrait rassembler.

Il se met aussitôt à la poursuite de l’autre Porus, homme pervers qui venait de s’enfuir du gouvernement dont il était investi. Alors que le prince qui portait le même nom que lui faisait la guerre à Alexandre, le traître députait vers le conquérant, promettait de lui remettre ses États, moins par amour pour lui que par haine contre Porus. Mais lorsque le vainqueur eut rendu à son rival ses États, en y ajoutant de nouvelles provinces, le barbare épouvanté abandonna brusquement les siens avec, tous ceux qu’il put entraîner dans sa défection.

Alexandre marche sur ses traces, arrive à l’Hydraotès, fleuve de l’Inde aussi large que l’Acésinès, mais beaucoup moins rapide.

Alexandre jette des garnisons dans tous les lieux importans, pour protéger