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ARRIEN, LIV. VI.

gration. Sambus était l’ennemi personnel de Musicanus. Alexandre s’étant approché de la capitale, nommée Syndomana, elle lui ouvre ses portes ; les officiers et les amis de Sambus lui remettent ses trésors et ses éléphans, en lui déclarant que ce prince n’est point l’ennemi d’Alexandre, mais celui de Musicanus.

Maître de cette ville, Alexandre le devient bientôt d’une autre que les Brachmanes avaient soulevée ; il les fit tuer. Les Brachmanes sont les sages de l’Inde ; et je me propose de parler de leur philosophie dans l’ouvrage que je consacre à l’histoire de ces contrées.

Cependant on lui annonce la défection de Musicanus. Il fait marcher contre lui le satrape Python avec des forces suffisantes, tandis qu’il forme lui-même le siége des villes rebelles. Il pille et rase les unes, fait bâtir des forts à la tête des autres, et y jette garnison.

Cette expédition terminée, il revient au camp et vers sa flotte, où Python lui amène Musicanus prisonnier ; Alexandre le fait mettre en croix au milieu de ses États avec les Brachmanes instigateurs de sa défection.

Sur ces entrefaites, le prince des Pataliens, de cette île que forme l’Indus à son embouchure, et qui est plus grande que le delta égyptien, vient remettre ses États et sa personne à la discrétion d’Alexandre, qui, le maintenant dans son autorité, lui ordonne de tout préparer pour recevoir son armée. Il renvoie Cratérus avec les éléphans par la Cannante, travers le pays des Arachotiens et des Zarangues, à la tête des bandes d’Attalus, de Méléagre et d’Antigène, de quelques archers, lui confiant ceux des Hétaires et des Macédoniens hors d’état de combattre. Hephæstion commande le reste de l’armée qui n’a pu s’embarquer avec Alexandre.

Python, à la tête des archers à cheval et des Agriens, est envoyé de l’autre côté de l’Indus, pour jeter des colons dans les villes nouvellement fondées, contenir les Indiens qui voudraient remuer : il rejoindra ensuite le quartier d’Alexandre à Patala.

Après trois jours de navigation, Alexandre apprend la nouvelle de la défection des Pataliens et de leur chefs qui avaient abandonné l’île. On fait force de rames, on arrive : tout est désert. On détache après les fuyards quelques troupes légères qui amènent des prisonniers ; Alexandre les envoie aux leurs pour les engager à revenir en liberté et sans crainte habiter leur ville et cultiver leurs terres. Plusieurs revinrent sur cette assurance.

Il ordonne à Hephæstion d’élever un fort dans l’île ; il envoie aux environs creuser des puits pour fournir de l’eau à des lieux que leur sécheresse rendait inhabitables.

Quelques Barbares voisins fondent sur les travailleurs à l’improviste, en tuent quelques-uns après avoir perdu beaucoup des leurs, et fuient dans leurs déserts. Alexandre aussitôt fait soutenir ses travailleurs par de nouvelles troupes.

Chap. 6. L’Indus se partage en deux grands fleuves qui gardent son nom jusqu’à leur embouchure, et qui embrassent l’île. Alexandre y fait ouvrir un port et des chantiers. L’ouvrage avancé, il résolut de s’embarquer sur le bras droit du fleuve pour descendre à la mer.

Il détache en avant Léonnatus avec mille chevaux et huit mille hommes d’infanterie qui doivent le côtoyer dans l’île.

Alexandre, suivi de ses bâtimens les plus légers, de tous les triacontères, des birèmes, de quelques bâtimens de transport, s’avance sur le bras droit