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POLYBE, LIV. XXXIV.

Ordinairement, dans le succès on trouve des partisans, et l’on devient à charge à ses amis dans l’infortune. C’est ce qui arriva à Holopherne quand il fut ruiné ; c’est aussi l’histoire de Théotime et de bien d’autres.

Les Rhodiens accablés par ces événemens, s’abandonnèrent aux résolutions les plus absurdes, et en vinrent à l’état de ces gens qui, découragés par une longue maladie, font une mauvaise fin. Ces gens, en effet, quand ils ont pris mille espèces de remèdes, consulté tous les médecins, et que rien ne les a rétablis, fatigués de ce retard, commencent à désespérer ; ils se fient aux oracles, aux devins ; quelques-uns essayent des charlatans et de la magie. Ainsi firent les Rhodiens. Tout ayant trompé leur attente, ils se virent forcés d’en croire à des paroles, de donner du corps à des espérances, à des ombres ; et ce malheur parut mérité. Car, lorsqu’on n’a pas agi d’après un calcul sage, il faut bien que la fatalité s’accomplisse, et que l’on vienne aboutir à des événemens hors de toute prévision. Ainsi donc, placés dans cette position, les Rhodiens reprirent pour chef le chef qu’ils avaient improuvé d’abord, et firent mille autres inconséquences.


Quand une fois on s’est senti du penchant à aimer ou à haïr fortement quelqu’un, le moindre prétexte suffit pour décider ce penchant ou l’établir.

Mais je crains de divaguer malgré moi, et, comme dit le proverbe, de n arriver qu’à traire un oiseau, ou à recevoir du lait dans un crible ; en effet, si j’insistais plus long-temps sur des fables aussi manifestes, tout en visant à l’exactitude, je ne produirais qu’un récit vide de sens ; je m’arrête donc pour ne pas écrire des songes, et n’exposer personne à lire les songes d’un homme éveillé. (Angelo Mai et Jacobus Geel, ubi suprà.)




FRAGMENS
DU

LIVRE TRENTE-QUATRIÈME.


I.


Quelques écrivains, comme Éphore et Polybe, ont fait entrer dans l’histoire générale des peuples la description de leurs pays respectifs. (Strabo, Geograph. lib. viii, sub init.) Schweighæuser.


Polybe, après avoir fait de grands éloges d’Éphore, et avoir dit qu’Eudoxe raconte fort bien l’histoire grecque, mais qu’Éphore nous fait mieux connaître les fondations des cités, les familles, les transmigrations, les chefs d’établissement, ajoute : « Moi, j’exposerai l’état actuel des choses, quant à la situation des lieux et leurs distances ;