Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 133 —

Mineure, une copie de ce qui s’y passa, et plusieurs comprirent qu’il pouvait seul les protéger contre Rome. Les Rhodiens, dont la marine était alors formidable, craignant de se déclarer ouvertement, l’encouragèrent en secret. D’autres peuples se liguèrent ostensiblement.

Depuis vingt-cinq ans environ, Rome jouait le premier rôle chez les nations qui environnaient la Méditerranée ; l’ascendant que cette république savait prendre dans tous les combats et les traités, inspirait la crainte et le respect. Mais les Macédoniens aussi, avaient rempli le monde des plus brillans exploits ; leur tactique et leur valeur jouissaient d’une réputation immense ; et l’issue de la dernière guerre avait surpris les peuples, sans les convaincre de la supériorité des armées romaines. On attribuait cet échec à la mauvaise conduite de Philippe, et surtout à l’embarras que produit toujours un ennemi que l’on ne connaît pas.

Persée pouvait opposer de suite aux Romains une des plus belles armées qu’eussent levé les rois de Macédoine. Elle se composait de quarante mille soldats d’infanterie, de quatre mille chevaux, et ces troupes étaient parfaitement disciplinées. Aussi Persée, voyant qu’il ne pouvait plus rien espérer de la voie des négociations, se décida-t-il à soutenir vigoureusement la lutte.

Les Romains avaient commis la faute d’envoyer en Épire des forces peu considérables, que le roi aurait dû détruire avant qu’elles reçussent des renforts de l’Italie ; mais les ambassadeurs eurent l’adresse d’amuser ce prince, et de l’empêcher de former, pendant la première année, aucune entreprise sur Apollonie ou sur les autres places occupées par les troupes de la république.

L’été suivant, sept années environ après l’avènement de Persée au trône, le consul Licinius se rendit en Épire, et tandis que l’escadre de Rome, réunie à celle de ses alliés, s’assemblait au détroit de l’Eubée, les deux armées de terre commencèrent leurs opérations. Les Macédoniens assirent leur camp à Sycurium, sur la croupe du Mont Ossa ; Licinius pénétra dans la Thessalie, et après avoir passé la rivière du Pénée, établit ses postes à douze milles de l’ennemi.

Persée se hâta de ravager tout le pays d’où les Romains pouvaient tirer leurs subsistances. Il y eut une action où la cavalerie et l’infanterie légère des deux armées combattirent ; les troupes macédoniennes demeurèrent victorieuses. Licinius ne pouvant plus défendre ses fourrageurs, de ce côté du Pénée, contre un ennemi supérieur en nombre, abandonna son camp pendant la nuit, et passa la rivière.

Ce petit succès pouvait éblouir le roi de Macédoine ; il eut la sagesse de n’y voir qu’une occasion favorable pour faire de nouvelles ouvertures de paix ; et afin que la négociation réussît, ce prince résolut de signer pour préliminaires les conditions que son père avait proposées après plusieurs défaites.

Il devait supposer que de pareilles offres, à la suite d’une victoire, seraient regardées comme un acte de modération, et non comme un hommage de la crainte ; que les nations neutres, effrayées des suites de cette supériorité, favoriseraient la paix ; que Rome enfin, terminant la guerre après une défaite, respecterait désormais la Macédoine, et ne recommencerait pas légèrement les hostilités.

Persée connaissait mal les Romains. Ce peuple, fidèle à ses maximes de po-