Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 194 —

mœurs un grand changement vers ces époques.

Vous savez que Rome honorait du nom d’alliés les Édues, qui formaient une sorte de république entre la Saône et la Loire, dans le lieu où ces deux fleuves se rapprochent considérablement. Rome avait encore donné le titre d’ami des Romains à Nitiobrige dans l’Aquitaine. Ces distinctions n’apportaient guère que de l’assujettissement à ceux qui les obtenaient.

La grandeur de Rome imposait tellement aux peuples de la Celtique et de l’Aquitaine qu’aucun d’eux n’osa plus se jeter sur l’Italie, sur l’Espagne, ou sur la Gaule Narbonnaise. Ils étaient donc réduits à vivre dans une demeure fixe, à défricher leur sol. C’est l’histoire de tous les peuples septentrionaux ; ils se déterminent à cultiver la terre lorsqu’ils ne peuvent plus la dévaster.

Si d’un côté les colonies romaines fermaient le midi de la Gaule à ses autres habitants, et leur donnaient l’exemple de vivre des productions du sol, de l’autre les Germains, ne pouvant plus fondre sur la Macédoine ni sur l’Italie, en furent plus enclins à envahir la Celtique. Ils concoururent ainsi à forcer ces divers peuples de rassembler leurs cabanes, de les enfermer dans des remparts de pieux, d’arbres abattus, de charpentes ; car telles étaient les villes (oppida) du temps de César. On n’y connaissait ni la brique, ni même l’emploi de la pierre.

César ouvre ainsi ses commentaires : La Gaule est divisée en trois parties ; l’une habitée par les Belges, une autre par les Aquitains, la troisième par les Celtes. Toutes diffèrent entre elles de langage, de coutumes et de lois.

Voilà bien trois nations dans l’étendue de ce pays nommé les Gaules, pays dont César ne spécifie pas les limites. Je dis nations parce que des peuples qui diffèrent de mœurs et de langage sont en effet des nations distinctes.

Les Gaulois ou Celtes proprement dits, ajoute César, sont séparés des Aquitains par la Garonne, et des Belges par la Marne et la Seine. Les Belges se montrent les plus robustes de tous, parce qu’ils se trouvent très éloignés de la province romaine, qu’ils n’en ont ni la civilisation, ni la politesse ; que les marchands y vont peu, et ne leur portent point les objets qui efféminent les âmes. Les Helvètes (les Suisses), par la même raison, surpassent en valeur les autres Gaulois, ayant presque journellement les armes à la main, soit pour défendre leurs frontières contre les Germains, soit afin d’attaquer celles de ces peuples.

La partie qu’habitent les Gaulois (les Celtes), s’étend du Rhône à l’Océan, et se trouve bornée au Midi par la Garonne, au Nord par la Belgique, à l’Orient par l’Helvétie, par le pays des Sequanes (la Franche-Comté) et le Rhin.

La Belgique s’étend depuis les confins des Gaulois (Celtes) jusqu’à l’embouchure du Rhin. Elle regarde le soleil levant. Cette expression vague, employée par César, désigne mal les limites.

L’Aquitaine va des Pyrénées à la Garonne et à la partie de l’Océan voisine de l’Espagne. Elle est tournée vers le couchant. Autre indication non moins vague que la précédente. La concision du style de César nuit quelquefois à la clarté de ses définitions.

Ainsi le pays des Séquanes et les pays situés au-delà du Rhône n’étaient point habités par les vrais Gaulois, c’est à dire les Celtes, quoique ces contrées et même l’Helvétie fussent connues sous la dénomination générale de la Gaule ou des Gaules Transalpines.

On voit aussi dans César que les