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vigilance du proconsul les repoussa partout.

Les Helvètes se retirèrent alors, et s’adressèrent aux Sequanes pour obtenir un passage entre les défilés du mont Jura. Cette route, bien plus longue et beaucoup plus difficile que l’autre, leur restait seule pour sortir de l’Helvétie par le midi.

Dumnorix qui les favorisait employa son crédit, et parvint à faire accorder leur demande. César ne dit point si Casticus, fils du chef des Sequanes, les servit alors ; ce nom ne paraît plus dans ses Mémoires. La défection des Sequanes paralysa les efforts des Ædues, qui voulaient rester fidèles à César ; car il fallait encore que ce peuple consentît à laisser traverser son territoire depuis la Saône jusqu’à la Loire.

Les Helvètes s’étant éloignés des frontières de la république, leur route, leur transmigration n’intéressaient plus les Romains. César pouvait cesser de les suivre ; toutefois il craignit leur établissement dans une des contrées voisines de la Gaule Narbonnaise ; il voulait aussi les punir d’être sortis de leur pays.

Laissant la garde de son retranchement à Titus Labienus, il retourne promptement dans la Gaule Cisalpine, y lève deux nouvelles légions, en fait venir trois d’Aquilée au nord du golfe Adriatique, et revient avec elles en toute diligence.

Il y avait vingt jours que les Barbares s’occupaient de passer le fleuve, après avoir rassemblé une quantité innombrable de barques et de radeaux, lorsque César se présenta sur leurs derrières. Les Tigurins, qui formaient un quart de la horde des émigrans, n’avaient pu traverser encore ; le proconsul tomba sur eux comme la foudre, et les extermina presque tous. Par ses ordres un pont fut aussitôt jeté sur la rivière, et en un seul jour ses légions gagnèrent l’autre bord[1].

L’armée romaine était bien moins nombreuse que celle des Helvètes ; César suit son ennemi avec précaution pendant quinze jours qu’il remonte la Saône, jusqu’à ce qu’enfin les Barbares tournent court vers l’ouest.

César marche toujours sur leurs traces, mais en quittant le voisinage de la rivière. Il manque de vivres, et les Ædues, alliés de Rome, ne lui en fournissent point, se contentant de lui envoyer de la cavalerie.

Leur vergobret Liscus était dans son camp. Divitiac s’y trouvait, ainsi que Dumnorix, l’ennemi des Romains, et il annonçait que César n’aurait pas plus tôt chassé les Helvètes qu’il asservirait la Gaule. Ce Dumnorix était le seul homme capable de voir le péril, assez hardi pour le prédire, et non moins ferme pour vouloir s’y opposer. Mais Divitiac, son frère Liscus, et tous les nobles Æduens se dévouaient aux volontés de Rome.

On promit des vivres à César ; toutefois ne se trouvant plus éloigné que de dix-huit milles de Bibracte (Autun), capitale des Ædues, et devant songer d’abord à son approvisionnement, il quitta la poursuite de l’ennemi pour se diriger vers la ville. La nouvelle en fut aussitôt portée aux Helvètes, qui attribuèrent à la peur cette marche rétrograde, et vinrent attaquer l’arrière-garde des Romains.

Afin de soutenir ce premier choc, César jeta en avant toute sa cavalerie, tandis qu’il disposait son infanterie sur une hauteur[2]. Les quatre légions de vétérans furent placées par cohortes sur

  1. Voyez l’Atlas.
  2. Voy. l’Atlas.