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ce que Divitiac avait dit, et implorèrent la protection de Rome. Les Sequanes baissaient les yeux, ne disaient rien, ne répondant pas même aux questions de César. Divitiac lui apprit que ce peuple était frappé d’une telle stupeur qu’il n’osait se plaindre, même en l’absence d’Arioviste.

On ne conçoit pas trop comment le proconsul ignorait un pareil asservissement ; comment des peuples si avilis fournirent des vivres et des troupes ; comment enfin ce redoutable Arioviste laissa les Helvètes et les Romains parcourir ses nouveaux états, et s’y livrer des batailles. César fait naître ces questions et n’en résout aucune.

Il rassura les députés, et leur promit son assistance. Cette intervention entrait dans ses vues politiques, et il servait en même temps les intérêts de Rome ; car elle ne devait pas souffrir que les Germains envahissent la Celtique, si voisine de la Province romaine.

César fit demander une entrevue au roi des Germains. Arioviste répondit que si le proconsul avait à lui parler, il le trouverait sous sa tente. César alors lui fit notifier la défense d’introduire de nouveaux Germains dans la Gaule, et un ordre de rendre les otages des Ædues, qu’il devait respecter à l’avenir.

Arioviste repartît que, vainqueur, il traitait les vaincus à sa fantaisie ; que, ne se mêlant point des conquêtes de Rome, cette république ne devait pas s’occuper des siennes ; que César prît garde d’attaquer des peuples invincibles, endurcis aux travaux, et qui depuis quatorze années n’avaient point habité sous un toit.

Pendant cette courte correspondance, les Harudes arrivent et pillent les Ædues ; les Suèves s’approchent des bords du Rhin, et menacent de passer le fleuve. César fit de suite ses dispositions et se mit en marche. Il s’empara d’abord de Vesontio (Besançon), la plus grande ville de la Sequanie, et sept jours après il se trouva en présence du roi des Germains.

Instruit de l’approche de César, Arioviste envoya des députés pour faire dire au proconsul que rien ne s’opposait plus à l’entrevue demandée. La conférence fut fixée au cinquième jour. Arioviste ayant exigé que des cavaliers seuls accompagnassent les deux chefs, César, qui n’avait que de l’infanterie légionnaire, et n’osait se confier aux cavaliers gaulois, imagina de prendre leurs chevaux, et les fit monter par des fantassins de la dixième légion.

Dans une vaste plaine s’élevait un monticule également éloigné des deux armées ; ce fut le lieu choisi pour l’entrevue. César fit placer à deux cents pas la légion qu’il avait amenée ; les cavaliers d’Arioviste s’arrêtèrent à la même distance, dix hommes de part et d’autre accompagnèrent les deux chefs.

Tandis que chacun exposait ses griefs, César apprend que la cavalerie d’Arioviste s’approche du monticule, et lance des pierres aux Romains. Le proconsul, qui pouvait combattre avec avantage, préféra se retirer ; car il ne voulait pas donner un prétexte pour suspecter sa bonne foi.

La conférence se trouvant rompue, Arioviste changea de position, et vint s’établir au pied d’une montagne à deux lieues du camp de César. Le lendemain il le dépassa, et se porta environ à trois quarts de lieue au-delà.

Ce mouvement était beau, hardi ; il mettait les Germains à même de couper les convois que les Romains recevaient de Bibracte et de la Sequanie. César, qui avait laissé Arioviste s’établir sans obstacle, fait sortir ses légions pendant cinq jours consécutifs, et offre le combat qu’Arioviste refuse, se conten-