Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 211 —

consul une liste de quinze peuples de la Belgique qui tous ensemble devaient former une armée de trois cent huit mille hommes pour lui faire la guerre.

César ne nous dit point si l’on réunit les troupes promises, si cette liste était conforme à la vérité ; mais en la supposant exacte, en admettant que les Gaulois n’aient pas voulu donner aux Romains une trop grande idée de leurs forces, ce nombre de trois cent huit mille guerriers représente certainement celui de presque tous les hommes en âge de porter les armes. Ainsi la population de ces contrées pouvait être alors d’un million deux ou trois cent mille habitants.

César, bien renseigné par les Rèmes, envoya Divitiac avec la cavalerie des Ædues passer la Seine vers le lieu où se trouve aujourd’hui Paris. Il tentait une diversion sur les terres des Bellovakes, tandis qu’il allait en personne au-devant de la grande armée belge, commandée par Galba, roi des Suéssions.

Ce Galba régnait sur douze villes ; son équité, sa prudence le firent nommer chef de la confédération. Son père avait été bien plus puissant que lui, s’il faut en croire César, qui dans sa brièveté avance souvent des faits inconcevables, dont il ne fournit aucune preuve.

Quoi qu’il en soit le proconsul se porte du côté de l’Aisne, traverse cette rivière et s’établit au-delà sur une colline. Il laisse six cohortes en deçà près d’un pont qui était derrière lui, le fait fortifier, et entoure ensuite son camp de retranchemens qui vont aboutir à la rivière[1].

Le proconsul couvrait ainsi le pays des Rèmes, d’où il tirait ses convois, et il se mettait à portée de recevoir la cavalerie des Ædues, en cas qu’elle fut obligée de se retirer du territoire des Bellovakes.

Sur ces entrefaites les Belges attaquèrent Bibrax, place forte, située à environ huit mille au nord du camp romain, et après avoir essayé vainement de la surprendre, se disposèrent à recommencer l’assaut le lendemain. Mais César, soupçonnant avec raison que leurs lignes étaient mal gardées, jeta, pendant la nuit, un renfort d’archers et de frondeurs, et l’ennemi, effrayé de la multitude d’hommes qui se présentèrent sur les murailles, abandonna son entreprise.

Les Belges néanmoins s’avançaient toujours, dévastant le pays sur leur route, et arrivèrent à deux milles du camp de César. Le front de leur armée, ainsi qu’on le jugea par les feux, occupait un espace d’environ huit milles.

Le proconsul qui connaissait bien leur nombre et leur valeur crut devoir se conduire avec précaution. Il les observa pendant quelques jours du haut de son poste, et voulut essayer leurs talens militaires, avant de se risquer à une grande action. Diverses épreuves lui ayant été favorables, il choisit pour champ de bataille un terrain en pente qui se trouvait devant son camp.

Comme le front de l’armée ennemie devait s’étendre plus que le sien, il jeta des retranchemens de quatre cents pas (géométriques) à droite et à gauche, et les termina par des forts où étaient placées des machines de guerre. Les Belges se formèrent de leur côté. Mais l’espace qui séparait les deux armées étant marécageux, ni l’un ni l’autre des deux partis n’osa le passer dans la crainte de se voir attaqué sur ce point difficile. Après quelques escarmouches de la cavalerie et des troupes légères, les Romains rentrèrent dans leur camp.

Les Belges, contrariés de cette retraite,

  1. Voyez l’Atlas.

14.