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sions, des Bellovakes et des Ambiens, ils se préparèrent à une défense vigoureuse. Ils avaient envoyé dans les îles d’un marais impraticable à une armée, ceux d’entre eux qui par leur sexe et leur âge ne pouvaient marcher au combat. Les Atrebates et les Veromandues venaient de se réunir à eux ; les Aduatikes étaient en route pour les joindre.

Sous la conduite d’un chef que César nomme Boduognat, les Nerves se postèrent sur la Sambre où les hauteurs qui bordent la rivière des deux côtés, étant couvertes par les bois, offraient un moyen facile de cacher leur nombre et leurs dispositions[1].

Ils eurent connaissance que les légions de César, excepté quand elles se trouvaient en présence de l’ennemi, s’avançaient sur une seule colonne, chacun de ces corps étant séparé par une longue file de bagage. Ils résolurent de les surprendre pendant cette marche embarrassée. On convient donc de laisser passer l’avant-garde, et au moment où les bagages de la tête paraîtront, de fondre tout à coup sur la première légion. Celle-ci rompue, les Belges pensaient avoir bon marché des autres.

La nature du pays nervien paraissait d’ailleurs très favorable pour soutenir la guerre avec avantage. Comme toutes les forces de ce peuple consistaient en infanterie, il s’était occupé de rendre son territoire impraticable à la cavalerie de ses voisins. Dans cette vue on courbait de jeunes arbres dont les branches devenues horizontales, s’entrelaçaient avec les ronces et les épines, et formaient une espèce de haie impénétrable.

Trois jours après son départ de Samarobriva (Amiens, on le suppose), César, sachant qu’il se trouvait à dix milles de la rivière occupée par l’ennemi, changea sa disposition de marche. Six vieilles légions s’avançaient d’abord, le bagage après, et les deux légions nouvellement levées formaient l’arrière-garde.

Lorsque le proconsul parut près du terrain ouvert qui avoisine la Sambre, il rencontra quelques détachemens de cavalerie ennemie, que la sienne eut bientôt repoussés dans les bois. Les légions arrivées les premières commencent à se retrancher, selon l’usage, sur l’emplacement choisi par les centurions détachés d’avance ; elles n’essuyèrent aucune insulte, jusqu’au moment où la colonne du bagage déboucha.

À ce signal, les Nerves se présentent en nombre de tous côtés, chassent la cavalerie qui couvrait les travailleurs, et en plusieurs endroits se battent corps à corps avec les légionnaires. Ceux-ci avaient à peine eu le temps de découvrir leurs boucliers ou de mettre leurs casques ; chacun cependant se rallia comme il put.

L’issue de cette action tumultueuse ne fut pas la même partout. Les 9e et 10e légions étaient placées sur la gauche du camp ; la 8e et la 11e, vers le côté qui faisait front à l’ennemi, formant à peu près le centre ; la 7e et la 12e, du côté opposé à la droite. L’armée romaine ne formait pas une ligne, elle occupait une circonférence ; les légions étaient isolées, sans ordre ; la cavalerie et les troupes légères fuyaient épouvantées dans la plaine.

Labienus rallia les 9e et 10e légions, attaqua la droite de l’ennemi, qui était formée par les Atrebates, les culbuta dans la Sambre, s’empara de la colline et de leur camp sur la rive gauche. Les légions du centre, après diverses vicissitudes, repoussèrent les Veromandues, les poursuivirent au-delà du fleuve. Mais les 7e et 12e légions étaient attaquées

  1. Voyez l’Atlas.