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ques impétueuses de ses troupes. Mais un soir, comme elles se retiraient avec moins de précautions encore que de coutume, toute la cavalerie fut lancée à leurs trousses, et reçut l’ordre de ne s’attacher qu’au seul chef trévirien.

Les Gaulois se dispersèrent. Indutiomar, moins prompt à fuir, fut arrêté au passage d’une rivière, et massacré, suivant les intentions de Labienus. Ainsi périt le second défenseur de la Gaule.

Si l’on excepte l’expédition de Bretagne qui offre à peu près un résultat, le reste de cette campagne est pour ainsi dire plus à la gloire de Quintus Cicero et de T. Labienus qu’à celle de César.

La grande étendue qu’occupaient les quartiers romains dut engager Ambiorix à les attaquer ; ce qu’il n’aurait certainement pas osé faire, si chaque corps s’était trouvé à portée de se préter un prompt secours. Quand César envoya Titurius Sabinus avec une légion chez les Éburons, il crut devoir y joindre cinq cohortes, sans doute dans la persuasion où il était que ce quartier voisin des Trévires et des Germains, se trouvait le plus exposé. Il devait donc mettre une autre légion près de Titurius, tant pour le renforcer que pour établir des communications faciles entre ce lieutenant, Labienus et Quintus Cicero. Il est vrai que la légion commandée par Cicéron se trouvait plus rapprochée de Sabinus que de toutes les autres ; mais elle était encore trop éloignée comme l’événement le prouva.

Quintus Cicero campait à près de cinquante milles de Titurius, et Labienus en était éloigné de plus du double. Les Gaulois environnèrent Titurius si exactement qu’il ne lui fut pas possible d’en prévenir ses collègues. C’est que du temps de César on pouvait livrer une bataille, sans qu’on en fût informé, à la distance de quatre ou cinq milles ; tandis qu’aujourd’hui le feu de la mousqueterie et du canon décèle à dix lieues les combattans.

Toutefois la diligence que César apporta pour marcher au secours de Cicéron ; la précision avec laquelle il adressa ses ordres à ses lieutenans ; la position avantageuse qu’il sut choisir en face de son ennemi, et les moyens dont il se servit afin d’enfler son orgueil et d’endormir sa prévoyance ; ces combinaisons montrent un général qui sait mettre à profit les circonstances et le terrain, qui connaît d’ailleurs parfaitement le caractère de la nation qu’il vient combattre.

Les fautes de César se présentent ici avec une telle évidence que Napoléon n’a pas cru devoir en parler dans ses observations sur cette campagne. Mais il y traite un point d’art militaire qui n’est pas sans importance ; c’est la question si intéressante des camps retranchés. Depuis long-temps cet usage ne subsiste plus dans les armées modernes, quoique plusieurs grands capitaines aient essayé de le renouveler. La dissertation de Napoléon prouve quelles études profondes il avait faites sur la science militaire des anciens.

« La seconde expédition de César en Angleterre n’a pas eu, dit-il, une issue plus heureuse que la première, puisqu’il n’y a laissé aucune garnison ni aucun établissement, et que les Romains n’en ont pas été plus maîtres après qu’avant.

« Le massacre des légions de Sabinus est le premier échec considérable que César ait reçu en Gaule.

« Cicéron a défendu pendant plus d’un mois avec 5 000 hommes, contre une armée dix fois plus forte, un camp retranché qu’il occupait depuis quinze