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juger de ce qu’était cette ville, si magnifique, que tous les Gaulois demandèrent grâce pour elle. Vercingetorix consentit avec peine qu’on essayât de la défendre.

Posté à quelques lieues de l’armée de César, ce chef gaulois inquiéta beaucoup les Romains. Ils manquèrent de blé, ne se nourrirent pendant quelque temps que de la chair d’un peu de bétail, amené difficilement. César proposa même à ses légions de lever le siége, si elles souffraient trop ; mais elles n’y consentirent pas, et jamais il ne leur échappa un seul mot indigne de la vertu romaine. C’est le témoignage que rend leur général.

César remarque, à l’occasion de ce siége, que les Gaulois étaient très-industrieux ; qu’ils avaient surtout le talent de bien imiter, et confectionnèrent très-adroitement des machines à l’instar de celles des Romains, S’ils avaient aussi bien copié leur discipline, ils n’eussent pas été vaincus par eux.

En vingt-cinq jours, les Romains élevèrent une terrasse de trois cent trente pieds de base sur quatre-vingts de haut, qui dominait les murailles de la ville. Vercingetorix y jeta par les marais un renfort de dix mille hommes, et, avec sa cavalerie, s’avança pour seconder la sortie des assiégés. César crut l’occasion favorable pour forcer le camp gaulois. Il s’y porta ; mais le camp était trop bien fortifié par l’art et la nature ; le proconsul retourna dans ses lignes sans avoir rien fait.

Peu après, César donna l’assaut et entra dans la place. Tout fut mis à feu et à sang. De quarante mille individus qu’Avaricum renfermait, à peine huit cents se réfugièrent auprès de Vercingetorix, qui semblait prévoir cette catastrophe. Teutomar, roi des Nitiobriges, dont le père avait été déclaré l’ami des Romains, vint aussi le joindre. Il lui amena un gros corps de cavalerie levé dans ses états et dans l’Aquitaine. Des archers et des frondeurs grossirent ce renfort.

Les Ædues étaient presque le seul peuple qui ne se fût point déclaré contre César. Une division élevée chez eux contraignit le proconsul à suspendre le cours de ses victoires.

Deux jeunes gens, Cotus et Convictolitans, s’y disputaient la place de premier magistrat. Cette place était annuelle ; elle se conférait par élection. L’usage ne permettait point qu’elle fût remplie par deux personnes de la même famille ; deux parens ne pouvaient même pas assister au conseil national, que César appela sénat. Si l’on avait pu montrer des lois écrites, César les eût consultées et citées ; mais il se contente d’interroger quelques personnes, et de s’en rapporter à leurs avis.

Il crut devoir se déclarer pour Convictolitans. Mais la loi ou l’usage était peu sûr et peu reconnu, puisque la nation entière se divisait entre les deux contendans.

Le proconsul demande aux Ædues toute leur cavalerie, dix mille hommes d’infanterie, et distribue ces troupes en différens postes pour s’assurer des vivres. Il envoie Labienus avec quatre légions contre les Sénons et le Parises ; lui-même, avec les autres, se rend chez les Arvernes et assiége Gergovie, la patrie de Vercingetorix. Mais ce jeune homme, par ses talens et son grand courage, force César à lever le siége.

Tandis que les Romains campaient sous ces murs, Convictolitans, ce protégé de César, soulevait contre lui les Ædues, jusqu’alors si fidèles. Époredo-