Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 256 —

velles troupes, et à peine parvient-il à rétablir le combat.

Quittant bientôt ce poste pour voler au secours de Labienus, il fit sortir des lignes une grande partie de la cavalerie et lui ordonna de prendre à dos les Gaulois, qui, sous la conduite de Vergasillaunus, faisaient des prodiges de valeur. En jetant les yeux sur la carte, on verra que ce fut par le vallon situé près de Savoigny, que cette cavalerie déboucha pour gagner la hauteur du côté de Bussy-le-Grand, et tourner les Gaulois.

Labienus, qui s’était soutenu avec une peine extrême contre les efforts de Vergasillaunus, réussit enfin d’attirer successivement à son poste trente-huit cohortes, auxquelles l’inaction de Commius permit d’abandonner les retranchemens de la plaine. Rassuré par ce renfort, Labienus prit le parti de sortir de ses lignes et de se présenter aux Gaulois, l’épée à la main.

Le combat fut sanglant et opiniâtre. Le proconsul y survint en personne avec de nouveaux renforts. Toutefois ce fut sa cavalerie qui décida l’affaire en se jettant sur les derrières de Vergasillaunus. César devint maître alors de porter toutes ses forces contre Vercingetorix.

Ce chef intrépide fit des prodiges de valeur ; mais, ayant remarqué la défaite de Vergasillaunus et l’inaction des autres chefs, il fut contraint de songer à la retraite. Assemblant alors ses troupes, il leur dit que ce n’était point pour ses propres intérêts qu’il avait pris les armes, mais uniquement pour la liberté de tous les Gaulois. Il déclara qu’on pouvait disposer de sa personne si, pour obtenir de meilleures conditions, on voulait le livrer mort ou vif.

Les assiégés se rendirent ; ils furent vendus pour l’esclavage. César ne dit rien du sort qu’il réservait au brave Vercingetorix ; mais nous savons d’ailleurs qu’il déshonora sa victoire en attachant au char de triomphe un héros dont il aurait dû respecter le malheur.

Les Romains obtinrent ce grand succès autant par la mauvaise conduite des Gaulois que par la bonté de leurs lignes. Commius, à la tête de cent quatre-vingt mille hommes, reste simple spectateur des combats, et ne tente rien pour faire diversion. S’il avait formé du côté du mont Druaux, près de Flavigny, une attaque semblable à celle de Vergasillaunus, et s’il eût employé une autre partie de ses troupes à donner l’assaut aux retranchemens de la plaine, César n’aurait pu réunir toutes ses forces, et pliait peut-être sous le grand courage et la résolution de Vergasillaunus et de Vercingetorix.

Lorsque les cavaliers gaulois quittèrent Alesia, on convoqua de suite une assemblée. Il y fut résolu que l’on obligerait chaque peuple à fournir un certain nombre de combattans. Deux cent quarante mille hommes furent levés ainsi chez quarante peuples en un mois à peu près. Certes, l’activité romaine n’aurait pas eu plus d’effet.

Quelques-uns habitaient à cent cinquante lieues d’Alesia, et la Gaule manquait de routes. César nous donne la liste de ces quarante peuples qui formèrent l’armée de secours, et le contingent que chacun d’eux fournit. Il y a plusieurs remarques à faire sur ce passage de César.

D’abord cette confédération se présente comme la plus nombreuse que l’on ait tentée contre lui dans les Gaules ; elle n’était que de quarante peuples, et ils ne rassemblèrent que deux cent quarante mille hommes ; tandis que les