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de midi à laquelle le soldat se livrait au repos, se jetèrent tout à coup sur les ouvrages.

Ils défirent aisément les gardes ; puis, tirant parti du vent qui soufflait avec violence, eurent recours à l’incendie avant qu’on pût prendre des mesures pour s’y opposer. Le feu se communiqua. La grande terrasse, les tours avec leurs machines, les tortues, les galeries, les mantelets, tout brûla, et l’ouvrage de plusieurs mois ne présenta plus que des cendres.

Les Romains, revenus de leur surprise, sortirent bien du camp ; mais il était trop tard. Les Massiliens se retiraient, et on n’osa les poursuivre, sans la protection des machines qui défendaient leurs murs. Ils purent même encore brûler la fameuse galerie avec la tour de briques.

Le lendemain, le même vent continuait, et les assiégés tentèrent de mettre le feu aux ouvrages de la petite attaque, qui étaient beaucoup moins avancés. Les Romains, cette fois, se tenaient sur leurs gardes et les repoussèrent vigoureusement.

Le soldat reprocha ce malheur à l’excès de bonté du général ; mais il n’en témoigna que plus vivement le désir de recommencer les travaux, afin de punir une pareille perfidie. Le bois manquait ; tout le pays était épuisé par la construction de la terrasse, des tours et des galeries ; on n’en trouvait même plus pour continuer les ouvrages de l’autre attaque. Le génie de Trebonius et l’ardeur du soldat suppléèrent à tout par un travail digne d’admiration.

Trebonius fit tirer deux murs de briques qui enfermaient le terrain couvert par la terrasse ruinée. Ces murs présentaient six pieds d’épaisseur, et le travail en fut entrepris en plusieurs endroits sous la protection des galerie d’approche. La diligence et l’adresse du soldat étaient si grandes, qu’en peu de temps, ces murailles atteignirent la longueur déterminée, et s’élevèrent environ à la hauteur des galeries.

On couvrit le front de l’espace qui séparait les deux murs de tout l’appareil des mantelets et des galeries qui se trouvaient dans le camp, et on en protégea ensuite l’élévation par des mantelets flottans, suspendus à des mâts.

Les deux flancs étant garantis par ce mur, on éleva, de distance en distance, de grands et larges piliers. On employa le carreau et la pierre que l’on trouvait en abondance dans les environs. Ces piliers, joints par de grosses poutres et des madriers, avec lesquels on fit l’entablement, servirent de base à l’énorme masse de pierres, de terre, de fascines et de décombres de l’ancienne terrasse ; car on s’en servit pour élever cette construction à la hauteur projetée. Ainsi, il y eut un souterrain à colonnade, et le soldat, en s’y logeant et en y pratiquant des ouvertures de distance en distance, pouvait défendre l’ouvrage, sans avoir besoin de galeries qui manquaient depuis l’incendie.

Les Massiliens se virent donc menacés d’une nouvelle plate-forme qui, bien qu’incapable de porter des tours, devait pourtant favoriser l’approche du bélier. La disette des vivres, et une maladie contagieuse qui régnait parmi les habitans, devaient les réduire au désespoir. Ils proposèrent de nouveau de se rendre.

Heureusement pour eux, César venait d’arriver au camp, Il ne voulait pas qu’on lui reprochât la ruine de cette ville célèbre et reçut ses propositions. César enleva les armes,