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gnes pour demeurer en Espagne. Le reste passa les Pyrénées, précédé et suivi par deux divisions de l’armée de César. Aux termes de la capitulation, on conduisit ces troupes sur les frontières de la Gaule Cisalpine.

Varron occupait encore la partie occidentale de l’Espagne ; et César, soit pour effectuer une jonction concentrée entre eux, ou peut-être pour le forcer à se rendre, envoya deux légions sous les ordres de Q. Cassius qu’il suivit bientôt lui-même, escorté de six cents chevaux. Au bruit de son arrivée, les naturels du pays se déclarèrent pour le vainqueur.

Une des légions postée à Gades (Cadix) marcha en bon ordre, enseignes déployées, à la rencontre de César, et lui offrit ses services. Varron le rendit maître de toutes les forces qu’il possédait sur terre et sur mer. César tint à Cordoue une assemblée générale pour toute la province ; il remercia les peuples d’avoir favorisé son parti, et les déchargea des impôts établis sous l’autorité de Pompée.

Chaque conquête donnait à César des flottes, des soldats pour garder ses nouvelles acquisitions, et ne le mettait pas dans la nécessité de morceler des forces dont il avait besoin pour continuer la guerre. Il laissa sous le commandement de Q. Cassius cinq légions, composées principalement de troupes levées par Varron, et s’embarqua lui-même sur une flotte équipée pour ses ennemis. Nous savons qu’il se rendit par mer à Tarraco (Tarragone), de là par terre à Narbonne, et ensuite à Marseille, où sa présence termina les opérations du siége.

Après la reddition de cette ville, César revint à Rome et y fut nommé dictateur. Il ne garda cette dignité que onze jours, et, ayant été élu consul, s’associa P. Servilius Isauricus. César fit plusieurs règlemens, tous favorables au peuple, et partit pour Brindes, dont il s’était rendu maître la campagne précédente. Il avait donné rendez-vous à douze légions et à toute sa cavalerie ; mais ses cadres n’étaient pas complets, et formaient à peine quarante mille hommes ; sa flotte ne pouvait en embarquer que vingt mille et environ six cents chevaux.

Pompée disposait de forces bien plus considérables. Outre onze légions, toutes au grand complet, en comptant les deux que lui amenait de Syrie Métellus Scipion, il avait en troupes alliées mille archers, trois mille six cents frondeurs, sept mille chevaux, et différens corps de troupes tirées de la Thrace, de la Macédoine et de la Thessalie. Mais ce qui lui donnait sur César un avantage important, c’était le nombre de ses vaisseaux.

César ne fut point intimidé par cette inégalité de forces ; il mit à la voile avec sept légions, et aborda le lendemain sur les côtes d’Épire. Il arrivait, que l’ennemi n’était pas informé de son départ.

Tandis que ses vaisseaux faisaient route pour Brindes, afin de ramener un second transport, Oricum se déclara contre Pompée, et ouvrit ses portes à César. Apollonie ne le traita pas moins favorablement ; bientôt toute l’Épire suivit cet exemple.

Pompée était alors en Macédoine. Craignant de perdre Dyrrachium, qui renfermait tous ses approvisionnemens, il y dirigea ses troupes à grandes journées. César, prévenu, ralentit sa marche et s’établit en deçà de l’Apsus, afin d’attendre dans cette position le reste de son armée qui était en Italie. Pompée vint camper vis-à-vis de lui, sur l’autre bord du fleuve. Ces deux adver-

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