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d’avoir plusieurs femmes à ceux qu’on estimait les plus nobles. Ces mœurs se rapprochent beaucoup de celles de l’Asie.

Dès le cinquième siècle, les Francs avaient pris l’usage de choisir toujours leurs chefs dans la même famille, ainsi que le faisaient les Goths, les Huns et les Tartares.

Les empereurs romains avaient tenté de les soumettre aux travaux de l’agriculture. Probus dit dans une lettre adressée au sénat, et conservée par Vopiscus, que les bœufs des Barbares labourent les champs de la Gaule. On croit que ces Barbares étaient les Francs qu’il venait de subjuguer. Eumènes loue Maximin d’avoir forcé les Francs transplantés dans la Gaule à défricher des terres incultes ; et Claudien donne des éloges à Stilicon, qui contraignit les Saliens et les Sicambres de courber en faux le fer de leurs épées.

Les historiens modernes indiquent sans hésiter les diverses tribus des Francs. Toutefois, comme les écrivains de cette époque donnent souvent des noms différens à une même tribu, et qu’ils en confondent quelquefois plusieurs sous une dénomination semblable, il n’a jamais été possible de les connaître toutes.

Chacune avait son chef ou son roi, chacune était indépendante, faisait des incursions sans consulter les autres. Lorsque plusieurs rois s’unissaient pour une entreprise, on élisait l’un d’eux pour général. Souvent les tribus devenaient ennemies et se faisaient une guerre cruelle.

La proximité de la mer, le voisinage et l’exemple des Saxons, avaient dirigé une partie de la nation des Francs vers la piraterie. Les plus industrieux cherchaient la fortune dans le camp des Romains ; et peut-être aucune nation Barbare ne fournit autant de grands officiers à l’empire.

Ce Magnence, qui détrôna un des fils de Constantin et fut tué par l’autre ; ce Sylvain, que l’ingratitude de Constance réduisit à prendre le titre d’empereur ; Bauton, qui fut consul, et dont la fille devint femme d’Arcadius ; Arbogast, qui, après avoir tué Valentinien III, donna le titre d’empereur à Eugène, étaient tous nés chez les Francs. Mérobaud, roi de je ne sais quelle horde des Francs, se tenait honoré du titre de capitaine de la garde impériale de Gratien ; il obtint deux fois les honneurs du consulat.

Tant de dignités possédées par des Francs avaient dû donner au peuple, ou du moins à ses chefs, une assez grande connaissance du gouvernement et des affaires de l’empire. Ainsi, les savans qui ont cru que les Francs, lorsqu’ils envahirent les Gaules, étaient trop ignorans pour connaître l’administration des Romains, se sont singulièrement trompés.

Toutes les nations barbares issues de la Tartarie, de la Germanie ou du nord de l’Europe, ne furent pas également célèbres ; souvent les hordes d’une nation, en se divisant, formèrent des nations différentes ; d’autres fois, plusieurs petites nations, en réunissant leurs hordes, montrèrent un peuple nouveau. On ne peut suivre toutes ces révolutions ; il suffit d’avertir qu’elles arrivèrent. Ce qui est important, c’est de fixer l’attention du lecteur sur neuf de ces nations y compris les Francs.

On peut désigner après les Francs, les Visigoths, qui erraient déjà dans la Grèce et dans l’Italie ; les Vandales ; les Suèves ; les Alains, prêts à entrer dans les Gaules ; les Bourguignons, qui devaient s’y établir peu de temps après eux ; les Hérules, les Ostro-