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POLYBE, LIV. II.

pelassent chez eux ceux qui en étaient sortis, et les détachassent ainsi des autres. Ce furent là les troupes destinées à la garde du pays. À Rome on tenait prêt, de peur d’être surpris, un corps d’armée qui, dans l’occasion, tenait lieu de troupes auxiliaires, et qui était composé de vingt mille piétons romains et de quinze cents chevaux, de trente mille piétons des alliés et de deux mille hommes de cavalerie. Les registres envoyés au sénat portaient quatre-vingt mille hommes de pied et cinq mille chevaux parmi les Latins, et chez les Samnites soixante-dix mille piétons et sept mille chevaux. Les Iapyges et les Mésapyges fournissaient outre cela cinquante mille fantassins et seize mille cavaliers ; les Lucaniens, trente mille hommes de pied et trois mille chevaux ; les Marses, les Maruciniens, les Férentiniens et les Vestiniens, vingt mille hommes de pied et quatre mille chevaux. Dans la Sicile et à Tarente il y avait encore deux légions, composées chacune de quatre mille hommes de pied et de deux cents chevaux. Les Romains et les Campaniens faisaient ensemble deux cent cinquante mille hommes d’infanterie, et vingt-trois mille de cavalerie. De sorte que l’armée campée devant Rome était de plus de cent cinquante mille hommes de pied et de dix mille chevaux, et ceux qui étaient en état de porter les armes, tant parmi les Romains que parmi les alliés, s’élevaient à sept cent mille hommes de pied et soixante-dix mille chevaux. Ce sont pourtant là ceux qu’Annibal vint attaquer jusque dans l’Italie, quoiqu’ils n’eût pas vingt mille hommes, comme nous le verrons plus au long dans la suite.

À peine les Gaulois furent-ils arrivés dans la Tyrrhénie, qu’ils y portèrent le ravage sans crainte, et sans que personne les arrêtât. Ils s’avancèrent enfin vers Rome. Déjà ils étaient aux environs de Clusium, ville à trois journées de cette capitale, lorsqu’ils apprennent que l’armée romaine, qui était dans la Tyrrhénie, les suivait de près et allait les atteindre. Ils retournèrent aussitôt sur leurs pas, pour en venir aux mains avec elle. Les deux armées ne furent en présence que vers le coucher du soleil, campèrent à fort peu de distance l’une de l’autre. La nuit venue, les Gaulois allument des feux, et ayant donné ordre à leur cavalerie, dès que l’ennemi l’aurait aperçue le matin, de suivre la route qu’ils allaient prendre, ils se retirent sans bruit vers Fésule, et prennent là leurs quartiers, dans le dessein d’y attendre leur cavalerie ; et quand elle aurait rejoint le gros de l’armée, de fondre à l’improviste sur les Romains. Ceux-ci, à la pointe du jour voyant cette cavalerie, croient que les Gaulois ont pris la fuite, et se mettent à la poursuivre. Ils approchent, les Gaulois se montrent et tombent sur eux : l’action s’engage avec vigueur, mais les Gaulois, plus braves et en plus grand nombre, eurent le dessus. Les Romains perdirent là au moins six mille hommes ; le reste prit la fuite, la plupart vers un certain poste avantageux, où ils se cantonnèrent. D’abord les Gaulois pensèrent à les forcer ; c’était le bon parti, mais ils changèrent de sentiment. Fatigués et harassés par la marche qu’ils avaient faite la nuit précédente, ils aimèrent mieux prendre quelque repos, laissant seulement une garde de cavalerie autour de la hauteur où les fuyards s’étaient retirés, et remettant au lendemain à les assiéger, en cas qu’ils ne se rendissent pas d’eux-mêmes.

Pendant ce temps-là Lucius Émilius, qui avait son camp vers la mer Adria-