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POLYBE, LIV. III.

LIVRE TROISIÈME.

CHAPITRE PREMIER.


But que Polybe se propose en écrivant l’histoire de son temps. — Distribution des événements qu’il doit raconter.


On a vu dans le premier livre, que nous commencerions cet ouvrage par la guerre sociale, celle d’Annibal et celle de la Cœlo-Syrie ; nous y avons dit aussi pourquoi, remontant à des temps plus reculés, nous écririons les deux livres qui précèdent celui-ci. Il faut maintenant rapporter ces guerres, et rendre compte tant des raisons pourquoi elles ont été entreprises, que de celles pour lesquelles elles sont devenues si considérables. Mais auparavant disons un mot sur le dessein de cet ouvrage.

Dans tout ce que nous avons entrepris de raconter, notre unique but a été de faire voir comment, en quel temps et pourquoi toutes les parties de la terre connues ont été réduites sous l’obéissance des Romains ; événement dont le commencement est connu, le temps déterminé, et le succès avoué et reconnu de tout le monde. Pour parvenir à ce but, il est bon de faire mention en peu de mots des choses principales qui se sont passées entre le commencement et la fin ; rien n’est plus capable de donner une juste idée de toute l’entreprise ; car, comme la connaissance du tout sert beaucoup pour acquérir celle des choses particulières, et que réciproquement la connaissance des choses particulières aide beaucoup à connaître le tout, nous ne pouvions mieux faire, à mon sens, que d’instruire le lecteur de ces deux manières.

J’ai déjà fait voir quel était en général mon dessein, et jusqu’où je devais le conduire. Tout ce qui s’est passé en particulier commence aux guerres dont nous avons parlé, et finit au renversement de la monarchie macédonienne ; et entre le commencement et la fin il s’est écoulé cinquante-trois ans, pendant lesquels tant et de si grands événemens sont arrivés, qu’on n’en a jamais vu de pareils dans un égal nombre d’années. En commençant donc à la quarantième olympiade, voici l’ordre que je garderai.

Après que nous aurons expliqué pourquoi les Carthaginois firent aux Romains la guerre qu’on appelle d’Annibal, nous dirons de quelle manière les premiers se jetèrent sur l’Italie, et y ébranlèrent la domination des Romains jusqu’au point de les faire craindre pour leur propre patrie, et de voir les Carthaginois maîtres de la capitale de cet empire. Nous verrons ensuite Philippe de Macédoine venir se joindre aux Carthaginois, après qu’il eut fini la guerre qu’il faisait vers le même temps contre les Étoliens, et qu’il eut pacifié les affaires de la Grèce. Après cela, Antiochus et Ptolémée Philopator se disputeront la Cœlo-Syrie, et se feront la guerre pour ce royaume. Puis les Rhodiens et Prusias se déclareront contre les Byzantins, et les forceront à se désister du péage qu’ils exigeaient de ceux qui naviguaient dans le Pont. Là nous interromprons le fil de notre narration pour examiner la forme de gouvernement des Romains, et on verra qu’il ne pouvait être mieux constitué, non-seulement pour se rétablir dans