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POLYBE, LIV. III.

l’Italie et dans la Sicile, et pour soumettre les Espagnes et les Gaules, mais encore pour défaire entièrement les Carthaginois, et penser à conquérir tout l’univers. Cela sera suivi d’une petite digression sur la ruine de Hiéron, roi de Syracuse, d’où nous passerons en Égypte pour dire les troubles qui y arrivèrent, lorsqu’après la mort de Ptolémée, Antiochus et Philippe, conspirant ensemble pour se partager le royaume laissé au fils de ce roi, tâchèrent par fraude et par violence de se rendre maîtres, celui-ci de l’Égypte et de la Carie, celui-là de la Cœlo-Syrie et de la Phénicie.

Suivra un récit abrégé de ce qui se passa entre les Romains et les Carthaginois dans l’Espagne, dans la Libye et dans la Sicile, d’où nous nous transporterons en Grèce, où les affaires changèrent alors de face. Nous y verrons les batailles navales d’Attalus et des Rhodiens contre Philippe ; de quelle manière les Romains firent la guerre à ce prince ; quelles en furent les causes, et quel en fut le succès. Nous joindrons à cela ce que produisit la colère des Étoliens, lorsque, ayant appelé Antiochus d’Asie, ils allumèrent le feu de la guerre entre les Achéens et les Romains. Nous dirons la cause de cette guerre, et ensuite nous suivrons Antiochus en Europe. D’abord il est obligé de se retirer de la Grèce ; puis, défait, il abandonne tout le pays qui est en deçà du mont Taurus ; et enfin les Romains, après avoir réprimé l’audace des Gaulois, se rendent maîtres de l’Asie, sans que personne la leur ose contester, et délivrent l’Asie Citérieure de la crainte des Barbares et de la violence des Gaulois. Nous exposerons après cela les malheurs dont les Étoliens et les Céphalléniens furent accablés ; d’où nous passerons aux guerres qu’Eumènes eut à soutenir contre Prusias et les Gaulois de Grèce, et à celle d’Ariarathe contre Pharnace. Après quoi nous dirons quelque chose de l’union et du gouvernement des Péloponnésiens, et des progrès que fit l’état des Rhodiens. Nous ferons ici une récapitulation, où toute l’histoire et les faits qu’on y aura vus seront représentés en peu de mots. Nous ajouterons à tout cela l’expédition d’Antiochus Épiphanes dans l’Égypte, la guerre de Persée et la ruine entière de la monarchie macédonienne.

Par là on verra en détail par quelle conduite les Romains sont venus à bout de soumettre toute la terre à leur domination. Si l’on devait juger de ce qu’il a de louable ou de répréhensible dans les hommes ou dans les états par le bonheur ou le malheur des événemens, je devrais borner là mon ouvrage, puisque mon dessein est rempli, que les cinquante-trois ans finissent à ces derniers événemens ; que la puissance romaine fut alors à son plus haut point, et que tout le monde était forcé de reconnaître qu’il ne restait plus qu’à leur obéir et à exécuter leurs ordres. Mais l’heureux ou malheureux succès des batailles ne suffit pas pour donner une juste idée des vainqueurs ni des vaincus ; souvent les plus heureux, faute d’en avoir fait bon usage, ont été cause de très-grands malheurs, de même qu’il y a eu bon nombre de gens à qui des accidens très-fâcheux ont été d’une très-grande utilité, parce qu’ils ont su les supporter avec courage. Outre les événemens, il faut donc encore considérer quelle a été la conduite des Romains, comment ils ont gouverné l’univers, les différens sentimens qu’on a eu pour ceux qui étaient à la tête des affaires ; les penchans et les inclinations dominantes des particuliers, tant dans le foyer domestique, que par rapport