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POLYBE, LIV. V.

et occidentales de l’Épire, de l’Étolie et de l’Acarnanie.

Il ne se pouvait rencontrer une situation plus heureuse pour rassembler ses alliés, pour incommoder ses ennemis, et mettre ses amis à couvert de toute insulte : aussi le roi souhaitait-il passionnément de réduire cette île sous sa domination. Ayant remarqué que Palée était défendue de presque tous les côtés, ou par la mer, ou par des précipices, et qu’on ne pouvait en approcher que par une plaine du côté de Zacynthe, ce fut par-là qu’il pensa à faire ses approches et à former l’attaque.




CHAPITRE II.


Siége de Palée. — Irruption de Philippe dans l’Étolie. — Ravages que font les Macédoniens dans cette province. — Therme prise d’emblée.


Philippe prenait ainsi des arrangemens, lorsque arrivèrent quinze bâtimens de la part de Scerdilaïdas, qui n’avait pu en envoyer que ce petit nombre, à cause des troubles qu’excitaient dans l’Illyrie les principaux de la nation. Arriva aussi le secours qu’il attendait des Épirotes, des Acarnaniens et des Messéniens. Depuis la prise de Phialée, ces derniers n’avaient plus de prétexte qui les dispensât de partager cette guerre avec les autres alliés.

Quand tout fut prêt pour le siége, et que les batteries de balistes et de catapultes eurent été dressées au lieu d’où il était plus aisé de repousser les assiégés, le roi ayant animé les Macédoniens à bien faire, donna ordre que l’on approchât des murailles les machines, et qu’à leur faveur on creusât des mines. Les Macédoniens se portèrent à ce travail avec tant d’ardeur, qu’en fort peu de temps les murailles furent percées à la longueur de deux arpens. Alors le roi s’approcha de la ville, et exhorta les assiégés à faire la paix avec lui. N’en étant point écouté, il fit mettre le feu aux arcs-boutans qui soutenaient le mur sapé ; cette partie de mur tombe, et l’infanterie à rondache, selon l’ordre qu’elle en avait reçu, marche la première en sections. Trois jeunes soldats avaient déjà franchi la brèche ; mais Léontius, qui commandait cette infanterie, se souvenant de la parole qu’il avait donnée aux autres conjurés, les empêcha de passer plus avant. Comme il avait aussi gagné et corrompu les officiers, et que lui-même, loin d’agir avec vigueur, affectait de paraître épouvanté du danger, quoique l’on pût fort aisément s’emparer de la ville, l’on fut chassé de la brèche, et grand nombre de Macédoniens furent blessés. Avec des soldats couverts de blessures, on ne pouvait plus rester devant la place : le roi leva le siége, et prit conseil de ses amis sur ce qu’il avait à faire.

Pour forcer Philippe à quitter ce siège, Lycurgue et Dorimaque, avec un égal nombre d’Étoliens, s’étaient jetés, celui-là sur le pays des Messéniens, et celui-ci sur la Thessalie. Sur quoi les Acarnaniens et les Messéniens envoyèrent des ambassadeurs au roi. Les Acarnaniens pressaient Philippe de tomber sur l’Étolie, et de porter sans crainte le ravage dans toute la province, qu’il n’y avait pas de moyen pour empêcher Dorimaque d’entrer dans la Macédoine. Ceux de Messène demandaient du secours, et représentaient au roi que, pendant que les vents Étésiens soufflaient, en un jour il passerait de Céphallénie à Messène ; que l’on fondrait sur Lycurgue, qui ne s’attendait à rien moins, et que ce préteur ne pourrait éviter la défaite. Ainsi raisonnait Gorgus leur ambassadeur, et Léontius l’ap-