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POLYBE, LIV. V.

pour examiner avec eux l’affaire de Mégaléas. Aratus s’éleva contre ce traître, et, reprenant l’histoire de sa vie de plus haut, il assura et prouva par témoins un meurtre indigne qu’il avait commis après la mort d’Antigonus, la conspiration où il était entré avec Apelles, et les machinations dont il s’était servi pour faire échouer le siége de Pallée. Mégaléas, ne pouvant rien alléguer pour sa défense, fut condamné tout d’une voix. Crinon demeura en prison, et Léontius se rendit caution de l’amende imposée à Mégaléas. Voilà où aboutit cette conjuration d’Apelles et de Léontius. Ils comptaient épouvanter Aratus, écarter tous les amis de Philippe, et mener ensuite les affaires selon qu’il conviendrait mieux à leurs intérêts, et tous leurs projets furent renversés.

Lycurgue ne fit rien de mémorable dans la Messénie. Il retourna à Sparte ; mais, s’étant remis peu de temps après en campagne, il prit Tégée. Après la ville il voulut attaquer la citadelle, où s’étaient retirés les habitans et la garnison ; mais il fut obligé de lever le siége et de reprendre la route de Sparte.

Les Éléens firent aussi des courses sur le pays des Dyméens. Ceux-ci envoyèrent de la cavalerie pour les arrêter ; mais elle tomba dans une embuscade et y fut taillée en pièces. Nombre de Gaulois y périrent, et entre les soldats de la ville on fit prisonniers Polymède l’Égéen, et deux citoyens de Dymée, Agésipolis et Mégaclès.

À l’égard de Dorimaque, nous avons déjà dit qu’il n’avait fait prendre d’abord les armes aux Étoliens que parce qu’il s’était persuadé qu’il pillerait impunément la Thessalie, et qu’il forcerait Philippe de lever le siége de Palée ; mais, trouvant dans cette province Chrysogone et Patrée disposés à lui tenir tête, il n’osa s’exposer à un combat dans la plaine, et pour l’éviter il se tint toujours au pied des montagnes, jusqu’à ce que les Macédoniens se fussent eux-mêmes jetés dans l’Étolie : il fallut qu’il quittât alors la Thessalie pour venir au secours de son propre pays. Il y arriva trop tard ; les Macédoniens en étaient déjà sortis.




CHAPITRE V.


Le roi de Macédoine désole la Laconie. — Les Messéniens viennent pour l’y joindre, et s’en retournent après un petit échec. — Description de Sparte.


Le roi, étant parti de Leucade, et ayant ravagé sur son passage le pays des Hyanthéens, aborda avec toute sa flotte à Corinthe. Il fit tirer ses vaisseaux à sec au port de Léchée, y débarqua ses troupes, et écrivit aux villes alliées du Péloponnèse pour leur marquer le jour où leurs troupes devaient être en armes à Tégée. Après avoir donné ses ordres, sans s’arrêter à Corinthe, il mit ses Macédoniens en marche, et, passant par Argos, arriva le douzième jour à Tégée, où il prit tout ce qu’il y avait d’Achéens assemblés, et marcha par les hauteurs pour fondre sur le pays des Lacédémoniens sans en être aperçu. Après quatre jours de marche par des lieux déserts, il monta les collines situées vis-à-vis de la ville, et, laissant à sa droite Ménélée, il alla droit à Amycles. Les Lacédémoniens virent de la ville passer cette armée, et la frayeur s’empara aussitôt des esprits. Ils avaient appris le sac de Therme et les exploits de Philippe dans l’Étolie, et ces nouvelles leur donnaient de grandes inquiétudes sur ce qui les menaçait. De plus, certain bruit s’était répandu que Lycurgue devait être envoyé au secours des Étoliens ; on n’avait donc garde de s’attendre que la