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POLYBE, LIV. V.

aux Grecs, tous deux aussi distingués par leur patrie que par leur richesses, quoique Polycrate l’emportât sur l’autre par l’ancienneté de sa famille et par la gloire que Mnasiade son père s’était acquise dans les jeux Olympiques. À force d’animer les soldats et en particulier et en public, ils leur inspirèrent du courage et de la valeur.

Tous les hommes que je viens de nommer eurent des charges, chacun selon son mérite particulier. Euryloque eut sous lui les trois mille hommes de la garde ; Socrate deux mille hommes d’infanterie, armés de rondaches ; Phoxidas l’Achéen, Ptolémée fils de Thraséas et Andromaque exerçaient la phalange et les Grecs soudoyés. Les deux derniers commandèrent la phalange, qui était de vingt-cinq mille hommes, et Phoxidas les Grecs au nombre de huit mille. Les sept cents chevaux qui forment l’escorte du roi, la cavalerie d’Afrique, et celle qui avait été levée dans le pays, tout cela faisant environ trois mille chevaux, fut mis sous le commandement de Polycrate. Échécrate, qui avait merveilleusement exercé la cavalerie de Grèce, et toute la cavalerie mercenaire, qui montaient ensemble à deux mille chevaux, fut d’un grand secours dans la bataille. Personne n’apporta plus de soin, à dresser les troupes qui lui furent confiées, que Cnopias : il avait environ trois mille Crétois, entre lesquels il y avait mille Néocrètes, dont il donna le commandement à Philon de Cnosse. On avait armé trois mille Africains à la manière des Macédoniens, et Ammonius les commandait. La phalange égyptienne, consistant en vingt mille hommes, était conduite par Sosibe. Il y avait, outre cela, un corps de quatre mille Thraces et Gaulois, levé depuis peu tant parmi ceux qui demeuraient dans le pays, que parmi ceux qui vinrent d’ailleurs se présenter, et c’était Denys de Thrace qui était à leur tête. Telle était l’armée de Ptolémée, et les différentes nations qui la composaient.

Cependant Antiochus pressait le siége de Dure, et tous ses efforts n’obtenaient aucun résultat. Outre que la ville par sa situation était très-forte, Nicolas ne cessait d’y jeter du secours. Enfin les approches de l’hiver le déterminèrent à se rendre aux sollicitations des ambassadeurs de Ptolémée ; il consentit à une trève de quatre mois, et promit que pour le reste on le trouverait toujours fort raisonnable. Cela était bien éloigné de sa pensée ; mais il se lassait d’être si long-temps éloigné de son royaume, et d’ailleurs il avait de bonnes raisons de prendre ses quartiers d’hiver à Séleucie, car il n’y avait plus lieu de douter qu’Achéus lui tendît des piéges et s’entendît avec Ptolémée.




CHAPITRE XV.


Combats sur terre et sur mer entre les deux rois. — Antiochus vainqueur entre dans plusieurs places.


La trêve conclue, Antiochus envoya des ambassadeurs au roi d’Égypte, avec ordre de lui rapporter au plus tôt les dispositions de ce prince, et de le venir trouver à Séleucie. Puis, ayant mis des garnisons dans les différens postes, et confié le soin des affaires à Théodote, il reprit la route de Séleucie, où il ne fut pas plus tôt arrivé qu’il distribua ses troupes en quartiers d’hiver. Du reste il ne prit pas grand soin d’exercer son armée, persuadé qu’étant déjà maître d’une partie de la Cœlo-Syrie et de la Phénicie, il ferait aisément et sans combat la conquête du reste. Il se flattait d’ailleurs que la