Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/607

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
599
POLYBE, LIV. V.

la Mysie ; Carse épouvantée lui ouvrit ses portes. Didyme ne tint pas non plus contre la crainte qu’eut la garnison d’être assiégée. Ce fut Thémistocle qui lui livra ces deux places. Il en avait reçu le gouvernement d’Achéus. De là il entra dans la plaine d’Apie, et y porta le ravage, passa le mont appelé Pélicanta, et campa sur le Mégiste. Pendant qu’il y était, arriva une éclipse de lune, et les Gaulois qui depuis long-temps se lassaient d’une route si pénible, parce que leurs femmes et leurs enfans les suivent à la guerre dans des chars, prirent cette éclipse pour un augure qui ne leur permettait pas d’aller plus loin. Attalus n’en tirait aucun service ; mais leurs campemens séparés, leur désobéissance et leur orgueil ne laissèrent pas de le jeter dans un très-grand embarras. D’un côté il craignait que, se joignant à Achée, ils ne se jetassent sur les terres de sa domination ; et de l’autre il ne voulait pas se perdre de réputation, en faisant égorger des soldats qui, par affection pour lui, l’avaient suivi jusqu’en Asie. Il se servit donc du prétexte qu’ils lui donnaient, et leur promit de les ramener où il les avait pris, de leur donner un terrain commode pour s’y établir, et que toutes les fois, dans la suite, qu’ils lui demanderaient des choses qu’il serait juste de leur accorder, ils le trouveraient toujours disposé à les obliger. Il les fit conduire en effet à l’Hellespont, fit beaucoup d’amitiés aux Lampascéniens, aux Alexandrins et aux Illiens, qui lui avaient été fidèles, puis avec son armée il se retira à Pergame.




CHAPITRE XVII.


Énumération des troupes d’Antiochus et de Ptolémée. — Entreprise de Théodote. — Bataille de Raphie.


Au printemps suivant, Antiochus et Ptolémée, ayant fait tous leurs préparatifs ; n’attendaient plus qu’une bataille pour décider de la guerre. Celui-ci partit d’Alexandrie avec quarante mille hommes d’infanterie, cinq mille chevaux et soixante-dix éléphans. Antiochus, sur l’avis que son ennemi approchait, assembla aussitôt son armée, où il y avait cinq mille hommes armés à la légère, tant Daiens que Carmaniens et Ciliciens, que commandait Byttaque de Macédoine ; vingt mille hommes choisis de tout le royaume et armés à la macédonienne, que conduisait Théodote, cet Étolien qui avait trahi Ptolémée : la plupart de ceux-là avaient des boucliers d’argent ; une phalange de vingt mille hommes, commandés par Nicarque et Théodote Hémiolien ; deux mille archers et frondeurs agrianiens et perses ; mille Thraces, ayant à leur tête Ménédème d’Alabande ; cinq mille Mèdes, Cissiens, Caduciens et Carmaniens sous la conduite d’Aspasien le Mède ; dix mille hommes d’Arabie et de quelques pays voisins, qui avaient Zabdibèle pour chef ; cinq mille mercenaires grecs conduits par Hippoloque de Thessalie ; quinze cents Crétois sous Euryloque ; mille Néocrétois sous le commandement de Zelys de Gortynie ; cinq cents archers de Lydie et mille Cardaces, conduits par Lysimaque le Gaulois. La cavalerie consistait en six mille chevaux, dont Antipater, neveu du roi, commandait les deux tiers, et Thémison le reste : de sorte que toute cette armée était composée de soixante-onze mille hommes d’infanterie, de six