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POLYBE, LIV. VI.

et l’infanterie qui doivent former la garde des consuls : ceux-là s’appellent les extraordinaires. Pour cela on tire des alliés autant d’infanterie qu’il y en a dans les légions romaines, mais deux fois autant de cavalerie, et on prend le tiers de celle-ci pour les extraordinaires et la cinquième parie de l’infanterie. Les préfets partagent le reste en deux parties, dont l’une s’appelle l’aile droite, et l’autre l’aile gauche. Tout cela étant réglé, les tribuns font camper les Romains et les alliés. Comme ce campement se fait en tout temps et en tout lieu de la même manière, il est bon de donner ici une idée de la disposition des armées romaines, soit dans les marches, soit dans les batailles rangées. Ce serait être bien indifférent sur les choses les plus curieuses, que de ne pas vouloir se donner la peine d’apprendre une méthode si digne d’être connue.

Voici donc de quelle manière campaient les Romains : Le lieu choisi pour y asseoir le camp, on dresse la tente du général dans l’endroit d’où il pourra le plus facilement voir tout ce qui se passe et envoyer ses ordres. On plante un drapeau où la tente doit être mise, et autour l’on mesure un espace carré, en sorte que les quatre côtés soient éloignés du drapeau de cent pieds, et que le terrain que le consul occupe soit de quatre arpens. On loge les légions romaines à l’un des côtés les plus commodes pour aller chercher de l’eau et des fourrages. Pour la disposition des légions, nous disions tout à l’heure qu’il y avait dans chacune six tribuns et deux légions pour chaque consul ; ils ont donc l’un et l’autre chacun douze tribuns, qui sont tous logés sur une ligne droite, parallèle au côté que l’on a choisi, et distante de ce côté de cinquante pieds. C’est dans cet espace que sont les chevaux, les bêtes de charge et tout l’équipage des tribuns. Leurs tentes sont tournées de façon qu’elles ont derrière elle le prétoire, et devant tout le reste du camp ; c’est pourquoi nous appellerons désormais le front, cette ligne qui regarde le camp. Les tentes des tribuns, également distantes les unes des autres, remplissent en travers autant de terrain que les légions. On mesure ensuite un autre espace de cent pieds, le long des tentes des tribuns, et, ayant tiré une ligne qui, parallèle à ces tentes, forme la largeur de ce terrain, on commence à loger les légions.

Pour cela on coupe perpendiculairement la ligne par le milieu ; du point où elle est coupée, on tire une ligne droite, et à vingt-cinq pieds de chaque côté de cette ligne, on loge la cavalerie des deux légions vis-à-vis l’une de l’autre, et séparées par un espace de cinquante pieds. Les tentes, soit de la cavalerie ou de l’infanterie, sont disposées de la même manière, car les manipules et les turmes occupent un espace carré, et sont tournés vers les rues : la longueur de cet espace est de cent pieds le long de la rue, et, pour la largeur, on fait en sorte ordinairement qu’elle soit égale à la longueur, excepté au logement des alliés. Quand les légions sont plus nombreuses, on augmente à proportion la longueur et la largeur du terrain. La cavalerie ainsi logée, vers le milieu des tentes des tribuns, on pratique une sorte de rue qui commence à la ligne dont nous avons parlé, et à la place qui est devant les tentes des tribuns. Tout le camp est ainsi coupé en rues, parce que des deux côtés les manipules et les turmes sont rangés en longueur.

Derrière la cavalerie sont logés les triaires, un manipule derrière une