Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/640

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
632
POLYBE, LIV. VI.

ce qu’ils trouveront, ils le porteront aux tribuns. Ensuite on commande deux manipules, tant des princes que des hastaires de chaque légion, pour garder le quartier des tribuns ; car, comme pendant le jour les Romains passent la plupart du temps dans cette place, on a soin d’y faire jeter de l’eau et de la tenir propre. Des manipules qui restent (car nous avons vu que dans chaque légion il y avait six tribuns et vingt manipules de princes et de hastaires), chaque tribun en tire trois au sort pour son usage particulier. Ces trois manipules sont obligés, chacun à son tour, de dresser sa tente, d’aplanir le terrain d’alentour, et de clore, s’il en est besoin, ses équipages de haies, pour plus grande sûreté. Ils font aussi la garde autour de lui ; cette garde est de quatre soldats, deux devant la tente et deux derrière, près des chevaux. Comme chaque tribun a trois manipules, et que chacun d’eux est de plus de cent hommes, sans compter les triaires et les vélites qui ne servent point, ce service n’est pas pénible, puisqu’il ne revient à chaque manipule que de quatre en quatre jours. Cette garde est non-seulement chargée de faire toutes les fonctions auxquelles il plaît aux tribuns de l’employer, elle est destinée aussi à relever sa dignité et son autorité.

Pour les triaires, exempts du service des tribuns, ils font la garde auprès des chevaux, quatre par manipule chaque jour pour la turme, qui est immédiatement derrière eux. Leur fonction est de veiller sur bien des choses, mais particulièrement sur les chevaux, de peur qu’ils ne s’embarrassent dans leurs liens, ou que, détachés et mêlés parmi les autres chevaux, ils ne causent du trouble et du mouvement dans le camp. De tous les manipules d’infanterie, il y en a toujours une qui, à son tour, garde la tente du consul, tant pour la sûreté de sa personne que pour l’ornement de sa dignité.

Le fossé et le retranchement, c’est aux alliés à les faire aux deux côtés où ils sont logés : les deux autres côtés sont pour les Romains, un pour chaque légion. Chaque côté se distribue par parties, selon le nombre des manipules, et à chacun il y a un centurion qui préside à tout l’ouvrage ; et quand tout le côté est fini, ce sont deux tribuns qui l’examinent et l’approuvent. Les tribuns sont encore chargés du soin de tout le reste du camp, où ils commandent deux, tour à tour, pendant deux des six mois que dure la campagne. Ceux à qui ce commandement échoit par le sort, président à tout ce qui se fait dans le camp. Cette charge, parmi les alliés, est exercée par les préfets.

Dès le point du jour les cavaliers et les centurions se rendent aux tentes des tribuns, et ceux-ci à celle du consul, dont ils apprennent ce qui doit se faire, et ils en font part aux cavaliers et aux centurions, qui le communiquent aux soldats quand l’occasion s’en présente.

Le mot d’ordre de la nuit se donne de cette manière. Parmi les turmes et les manipules, qui ont leurs logemens au dernier rang, on choisit un soldat que l’on exempte de toutes les gardes. Tous les jours, au coucher du soleil, ce soldat se rend à la tente du tribun, y prend le mot d’ordre, qui est une petite planche où l’on a écrit quelque mot, et s’en retourne à sa tente. Ensuite, prenant quelques témoins, il met la planche et le mot d’ordre entre les mains du chef du manipule suivant : celui-ci le donne à celui qui le suit ; et ainsi des autres, jusqu’à ce que le mot d’ordre