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POLYBE, LIV. VI.

passe aux manipules qui sont les plus voisins des tribuns, auxquels il faut que ce signal soit reporté avant la fin du jour ; et c’est par ce moyen qu’ils savent que le mot d’ordre a été donné à tous les manipules, et que c’est par eux qu’il leur est venu. S’il en manque quelqu’un, sur-le-champ il examine le fait, et voit, par l’inscription, quel manipule n’a point apporté le signal, et celui qui en est cause est aussitôt puni selon qu’il le mérite.

Pour les postes de la nuit, il y a un manipule entier pour le général et le prétoire. Les tribuns et les chevaux sont gardés par les soldats que l’on tire pour cela de chaque manipule, selon ce que nous avons dit plus haut. Le poste de chaque manipule se prend du manipule même. Les autres se distribuent au gré du général. Pour l’ordinaire, on en donne trois au questeur et trois à chacun des deux lieutenans. Les côtés extérieurs sont confiés au soin des vélites, qui, pendant le jour, montent la garde tout le long du retranchement ; car tel est leur service ; et, de plus, il y en a dix pour chaque porte du camp.

Des quatre qui sont tirés de chaque manipule pour la garde, celui qui la doit monter le premier est conduit, sur le soir, par un officier subalterne au tribun, qui leur donne à tous une petite pièce de bois marquée de quelque caractère, après quoi ils s’en vont chacun à son poste.

C’est la cavalerie qui fait les rondes. Dans chaque légion, le décurion de la première turme avertit le matin un de ses serre-files de commander à quatre cavaliers de faire la ronde avant le dîner. Sur le soir il doit encore avertir le chef de la turme suivante que son tour est pour le lendemain ; celui-ci, prévenu, donne le même avis pour le troisième jour, et les autres de suite font la même chose. Là-dessus, le serre-file désigné dans la première turme en prend quatre cavaliers, qui tirent au sort l’ordre des veilles ; ensuite ils vont à la tente du tribun, de qui ils apprennent, par écrit, le nombre et l’emplacement des postes qu’ils doivent visiter. Après quoi ces quatre cavaliers se rendent au corps-de-garde du premier manipule des triaires ; car c’est de la tente du primipile que part le signal de la buccine qui annonce les veilles. À la première, les cavaliers à qui cette ronde est échue, partent accompagnés chacun de quelques amis en qualité de témoins, et font leur tournée, visitant non-seulement les postes des retranchemens et des portes, mais ceux qui sont établis à chaque turme et à chaque manipule. Si le rondeur trouve la garde de la première veille sur pied et alerte, il reçoit d’elle la petite pièce de bois ; s’il la rencontre endormie, ou si quelqu’un y manque, il prend à témoin ceux qui sont près de lui et se retire. Toutes les autres rondes se font de la même manière. À chaque veille on sonne de la buccine, afin que ceux qui doivent faire la ronde et ceux qui font la garde soient avertis en même temps ; et c’est, pendant le jour, une des fonctions des primipiles de chaque légion.

Ceux qui ont fait la ronde portent, dès le point du jour, au tribun la petite pièce de bois : s’il n’en manque aucune, on n’a rien à se reprocher, et ils se retirent ; si l’on en rapporte moins qu’il n’y a de postes, on examine, sur ce qui est écrit dessus, quel poste est en défaut. Quand on le connaît, on appelle le centurion ; celui-ci fait venir ceux qui avaient été commandés pour la garde. On les confronte avec la ronde. Si la garde est fautive, la