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POLYBE, LIV. VII.

qu’il pouvait établir sa domination dans la Sicile. On consulta ensuite Hippocrate, qui répondit simplement qu’il était de l’avis d’Andranodore. Là se termina la délibération, et ainsi fut prise la résolution de déclarer la guerre aux Romains. Le roi ne voulut cependant pas rompre les traités sans donner au moins des prétextes apparens de son changement ; mais il en allégua de tels, que les Romains, loin de s’en contenter, devaient en être vraiment offensés. Il dit qu’il observerait ces traités, pourvu qu’on lui rendît premièrement l’or qu’on avait reçu d’Hiéron son aïeul ; secondement, le blé et tous les autres présens qu’Hiéron leur avait donnés depuis le commencement de l’alliance, et que l’on reconnût que toutes les terres et les villes qui sont en deçà de l’Himère appartiennent aux Syracusains. On congédia là-dessus les ambassadeurs romains, et l’assemblée se sépara. Hiéronyme ensuite fit ses préparatifs de guerre, leva des troupes, et fit provision de toutes les autres munitions nécessaires. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Situation de la ville de Léonte en Sicile.


Léonte, à regarder sa position en général, est tournée vers le septentrion. Elle est traversée, dans son milieu, par un vallon, dans lequel se trouvent les palais où s’assemblent les magistrats et où la justice se rend ; c’est là aussi que se tient le marché. Les deux côtés de ce vallon sont formés par deux montagnes escarpées, dont la cime, qui présente une surface aplanie, est couverte de maisons et de temples. Il y a deux portes, dont l’une, à l’extrémité du vallon qui regarde le midi, conduit à Syracuse ; l’autre, à l’autre extrémité du côté du septentrion, mène aux champs qu’on appelle Léontins, et à ces campagnes si célèbres par leur fertilité. Au pied de l’une de ces montagnes qui est à l’occident, coule le Lisse, sur le bord et comme sous le rocher duquel on a bâti une longue chaîne de maisons situées toutes à égale distance du fleuve : entre ces maisons et le fleuve s’étend la place dont nous avons parlé. (Dom Thuillier.)


Jugement de Polybe sur Hiéronyme, son aïeul Hiéron et son père Gélon.


Quelques historiens qui ont écrit la mort d’Hiéronyme, ont, pour exciter l’étonnement, employé une profusion de descriptions verbeuses, soit qu’ils rapportent les prodiges qui ont précédé et annoncé sa tyrannie ainsi que les maux des Syracusains, soit qu’ils fassent un détail exagéré, à la manière des poëtes tragiques, de la cruauté de son caractère, de ses actions impies, et enfin des événemens inaccoutumés et atroces qui se sont passés à sa mort ; au point que l’on croirait que ni les Phalaris, ni les Apollodore, ni aucun des tyrans qui ont existé, ne l’ont surpassé en cruauté. Et cependant ce prince était encore enfant lorsqu’il monta sur le trône, et il ne régna pas plus de treize mois, au bout desquels il mourut. Or, dans cet espace de temps il a certainement pu arriver que l’un ou l’autre ait été livré à la torture ; que quelques-uns de ses propres amis ou du reste des Syracusains aient été mis à mort ; mais quant à cette cruauté particulière à Hiéronyme, quant à cette impiété inouïe qu’on lui attribue, elles sont peu croyables. Il faut, il est vrai, reconnaître complètement qu’il était d’un caractère léger et injuste ; mais cependant on ne peut le comparer à aucun des tyrans que j’ai cités précédemment. Les auteurs