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POLYBE, LIV. IX.

sence ne peut qu’empirer la situation. Les Tarentins en firent la triste expérience.

L’avenir nous semble toujours devoir être meilleur que le présent. (Angelo Mai, Scriptorum veterum nova collectio, tom. ii ; Jacobus Geel, Polybii excerpta.)




FRAGMENS
DU

LIVRE NEUVIÈME.


I.


De toutes les manières d’écrire l’histoire, la plus utile est celle de raconter les faits.


Tels sont les faits les plus éclatans qui sont arrivés dans l’olympiade que nous avons marquée, et dans cette espace de quatre ans, que nous disent devoir être pris pour une olympiade. Ces faits seront le sujet et la matière des deux livres suivans.

Je sens bien que ma manière d’écrire l’histoire a quelque chose de désagréable, et que l’uniformité que l’on y trouve fait qu’elle ne sera du goût que d’une seule espèce de lecteurs. Tout les autres historiens, au moins la plupart, en traitant toutes les parties de l’histoire, engagent un grand nombre de personnes à lire leurs ouvrages. Tel par exemple, qui ne cherche dans la lecture qu’un amusement, lit avec plaisir la généalogie des dieux et des héros. Le savant, qui veut approfondir, se plaît à considérer les établissemens des colonies, les fondations des villes, les liaisons des peuples entre eux, comme Éphore les a décrites, et le politique s’attache aux actions des peuples, des villes et des gouvernemens. Or, comme nous nous sommes borné au récit de cette dernière classe de faits, et que nous en avons fait tout le sujet de notre ouvrage, il ne peut être du goût que des lecteurs érudits ; la plupart des autres n’y trouveront aucun attrait. Nous avons dit ailleurs, pourquoi, négligeant les autres parties de l’histoire, nous nous étions borné aux faits ; mais il ne sera pas mauvais de le répéter de peur qu’on ne l’ait oublié. Comme on trouve dans beaucoup d’écrivains qui nous ont précédés ces vieilles généalogies, ces histoires de colonies antiques, ces liaisons des peuples entre eux, ces fondations des villes, un historien qui traite ce sujet-là, s’expose à deux inconvéniens considérables ; car, il faut ou qu’il se fasse honneur du travail d’autrui, ce qui est une vanité honteuse, ou, s’il ne veut pas s’attribuer ce qui ne lui appartient pas, qu’il travaille en vain, puisque, de son aveu, il ne s’occupe à écrire que des choses que ceux qui l’ont précédé ont éclaircies et transmises à la postérité. C’est pour cette raison et beaucoup d’autres, que je n’ai pas jugé à propos d’entrer dans ces détails. J’ai préféré les faits pour deux raisons : la première, parce que, comme les faits sont toujours nouveaux, la narration est toujours nouvelle ; car,