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POLYBE, LIV. X.

supplians. Toutefois, ayant le lendemain convoqué tous les prisonniers, il leur dit qu’il regardait les Éginètes comme indignes d’aucun sentiment de piété, mais qu’en faveur des autres Grecs, il portait envers eux l’indulgence jusqu’à permettre ce qu’ils demandaient, puisque cette coutume était établie parmi eux. (Angelo Mai, ibid.)




FRAGMENS
DU

LIVRE DIXIÈME.


I.


Situation avantageuse de Tarente.


Quoique cette côte d’Italie qui regarde la mer de Sicile et qui s’avance vers la Grèce, soit longue, depuis le détroit et Rheggio jusqu’à Tarente, de plus de deux mille stades, elle n’a cependant d’autre port que celui de Tarente. Elle est occupée par beaucoup de peuples barbares, et les Grecs y possèdent des villes célèbres. Les Bruttiens, les Lucaniens, une partie des Samnites, les peuples de la Calabre et plusieurs autres habitent ce côté de l’Italie ; et les Grecs y possèdent Rheggio, Caulon, Locre, Crotone, Métaponte et Thyre. De sorte que tous ceux qui, de Sicile ou de Grèce, viennent à quelques-unes de ces villes, sont obligés d’aborder au port de Tarente, et de décharger là toutes les marchandises qu’ils apportent pour tous les peuples de cette côte. On peut juger combien cette ville est avantageusement située, par la fortune qu’ont faite les Crotoniates, qui n’ayant que quelques mouillages d’été, où peu de vaisseaux abordent, ont néanmoins amassé de grandes richesses. Or, la seule situation de cette ville a été cause de ce bonheur, situation cependant qui n’a rien de comparable à celle de Tarente. Elle est aussi heureusement placée par rapport aux havres de la mer Adriatique. Mais elle tirait de là beaucoup plus d’avantages autrefois ; car, comme Brindes n’était pas alors bâtie, tout ce qui venait des endroits qui, sur la côte opposée, sont entre le cap d’Iapige et Siponte, passait par Tarente pour entrer dans l’Italie, et on se servait de cette ville comme d’un marché, pour les échanges et tout autre commerce. C’est pour cela que Fabius, qui faisait grand cas de ce passage, ne s’appliquait à rien tant qu’à le bien garder. (Dom Thuillier.)


II.


Diverses actions de Publius Scipion.


Ayant le dessein de retracer l’histoire des exploits de P. Scipion en Espagne, et généralement tout ce qu’il a fait pendant sa vie, il nous semble nécessaire de faire connaître d’abord le caractère et le génie de ce grand citoyen. Comme il a surpassé presque tous les hommes