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POLYBE, LIV. XV.

messes ayant été acceptées aux grands applaudissement de tous, ils introduisirent Philippe dans leur ville. (Voyez Dom Thuillier, les Fragmens de Valois et Suidas.)


III.


Ordinairement les rois, quand ils veulent s’élever à l’empire, prononcent avec ostentation le nom de liberté aux oreilles des hommes, et prodiguent les titres d’amis et d’alliés à ceux qui partagent et favorisent leurs espérances. Cependant, ils ne se sont pas plutôt emparés des affaires, qu’ils commencent à traiter non plus en amis, mais en serviteur, ceux qui se sont confiés à leur foi. Au reste, s’ils abjurent promptement tous les sentimens honnêtes, ils sont souvent loin de tirer de leur hypocrisie le fruit qu’ils en espéraient. Et l’homme qui affectant l’autorité souveraine avait embrassé le monde entier dans ses espérances, et se berçait d’arriver au plus haut point de prospérité dans l’administration des affaires, ne paraîtra-t-il pas bien sot et bien furieux, s’il en est réduit à cette extrémité d’avouer à ses sujets, petits et grands, l’inconstance et l’infirmité de sa fortune ?

Puisque nous avons raconté tout ce qui s’est passé en même temps dans le monde année par année, il devient également nécessaire de terminer par l’analyse des faits que nous devions placer au commencement du livre. Ainsi le veut le cours de la narration, qui exige quelquefois que l’exorde devienne la péroraison.


Agathocles tua Dinon, fils de Dinon, et voulut, suivant le proverbe, de la plus injuste des choses en faire la chose la plus juste. Au moment où il reçut les lettres qui lui annonçaient l’assassinat d’Arsinoé, il était réellement en son pouvoir de le divulguer et de conserver le royaume ; mais s’étant lié ensuite avec Philamnon, il devint la cause de tout le mal qui se fit. Après l’assassinat, ses dispositions n’ayant pas changé, il déplorait devant plusieurs personnes ce qui s’était passé, et se repentait d’avoir manqué l’occasion. Il fut dénoncé à Agathocles, qui le fit bientôt périr par le supplice qu’il méritait. (Angelo Mai, etc., ubi suprà.)


Sosibe.


Il paraît que ce prétendu tuteur de Ptolémée était un esprit rusé, accoutumé depuis long-temps aux souplesses et aux artifices des cours, et méchant. Le premier qu’il fit mourir fut Lysimaque, fils de Ptolémée et d’Arsinoé, fille de Lysimaque ; le second fut Maya, fils de Ptolémée et de Bérénice, fille de Maya. Il se défit par la même voie de Bérénice, mère de Ptolémée Philopator, du Lacédémonien Cléomène et d’Arsinoé, fille de Bérénice. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Agathocles.


Autre ministre de Ptolémée, qui, après avoir éloigné de la cour tout ce qu’il y avait de personnages plus illustres, et avoir apaisé la colère des troupes par le payement de leur solde, revint d’abord à sa première façon de vivre. Les charges qui étaient restées vacantes par l’éloignement de ceux qui les occupaient, il les donna à des gens employés auparavant aux plus vils offices, et qui n’avaient ni probité ni honneur. Il passait la plus grande partie du jour et de la nuit à se noyer dans le vin et dans les autres débauches qui marchent à la suite de l’ivrognerie. Femmes, filles, fiancées, vierges étaient déshonorées sans pudeur, et tous ces crimes


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