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POLYBE, LIV. XVI.

vilége chez les Iasséens. Il est aussi des historiens chez lesquels on trouve cette prétendue merveille. Pour moi, je ne sais pourquoi je ne puis m’empêcher de bannir de mon Histoire ces sortes de particularités. Il me semble que c’est une faiblesse puérile que d’ajouter foi à des choses qui non-seulement sont hors de toute vraisemblance, mais ne sont pas même possibles. Il ne faut pas avoir le sens commun pour dire, par exemple, que certains corps exposés au soleil ne font pas d’ombre. Théopompe a cependant la simplicité d’assurer que ceux qui, en Arcadie, entrent dans le temple de Jupiter n’en font pas. Ce que nous rapportions plus haut n’est pas moins incroyable. Quand certains prodiges ou certains faits extraordinaires peuvent contribuer à conserver parmi le peuple le respect et l’obéissance qu’il doit à la divinité, je ne trouve pas mauvais que les historiens nous en entretiennent ; mais encore faut-il qu’ils se contiennent dans de justes bornes. J’avoue qu’il n’est pas toujours aisé de fixer les bornes dans lesquelles on doit se renfermer ; mais enfin ce n’est pas une chose impossible. Pour dire ce que j’en pense, il est, jusqu’à certain degré, excusable d’ignorer le vrai ou de croire le faux ; mais quand l’ignorance ou la crédulité vont jusqu’à l’excès, cela est intolérable. (Dom Thuillier.)


Nabis.


On a vu plus haut quelle était la manière de gouverner de ce tyran de Lacédémone ; comment, après avoir chassé les citoyens, il affranchit les esclaves, et leur fit épouser les femmes et les filles de leurs maîtres. On a vu encore que tous ceux qui, par leurs crimes, avaient été chassés de leur patrie trouvaient dans sa puissance comme un asile sacré, et qu’il avait fait de Sparte comme un repaire de scélérats : nous allons montrer maintenant comment dans ce temps-là même, quoique allié des Messéniens, des Éléens et des Étoliens, et engagé par sermens et par traités à les secourir lorsqu’ils seraient attaqués, sans égard pour des engagemens si solennels, il osa commettre contre Messène la plus noire des perfidies. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Zénon et Antisthène, historiens rhodiens.


Comme quelques historiens particuliers ont écrit avant moi les événemens qui sont arrivés dans ce temps-ci chez les Messéniens et les autres alliés, je suis bien aise de dire ici ce que j’en pense. Je ne les passerai pas tous en revue, je ne m’arrêterai qu’aux plus célèbres et aux plus distingués. Zénon et Antisthène, tous deux Rhodiens, sont de ce nombre, et méritent notre attention pour plus d’une raison ; car ils sont auteurs contemporains, ils ont gouverné la république, et quand ils ont écrit, ce n’a point été par des vues d’intérêt, mais par honneur et par d’autres motifs dignes du rang qu’ils tenaient. Ce qui m’oblige à m’expliquer sur leur compte, c’est que je traite les mêmes choses qu’ils ont traitées. Si je ne prévenais pas le lecteur, ébloui de la célébrité de la république rhodienne et de la réputation où elle est de se distinguer particulièrement dans les affaires de mer, il serait porté, lorsque mon récit ne s’accorderait pas avec le leur, à ajouter foi à leur rapport plutôt qu’au mien. Voyons donc si l’on doit s’y fier.

L’un et l’autre assurent que la bataille navale donnée près de l’île de