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POLYBE, LIV. XVI.

paraître, combien ils aimaient l’auteur d’un pareil changement. Syphax, roi des Masésyliens, suivait le char de son vainqueur avec les autres prisonniers, et mourut quelque temps après dans la prison. Pendant plusieurs jours, ce ne fut à Rome que jeux et que spectacles, aux frais desquels Scipion fournissait avec une magnificence digne de lui. (Dom Thuillier.)


V.


Philippe prend ses quartiers d’hiver en Asie.


Au commencement de l’hiver où Publius Sulpicius avait été fait consul à Rome, Philippe, séjournant chez les Bargyliens, fut fort alarmé de voir qu’Attalus et les Rhodiens, loin de congédier leurs armées navales, remplissaient leurs vaisseaux de troupes, et se précautionnaient contre lui avec plus de soin et de vigilance que jamais. L’avenir lui donnait plus d’une inquiétude. En sortant de chez les Bargyliens, il prévoyait le péril qu’il aurait à courir sur la mer. D’un autre côté, il craignait qu’en passant l’hiver dans l’Asie, il ne fût pas à portée de défendre la Macédoine, que les Étoliens et les Romains menaçaient ; car il n’ignorait pas les députations qu’on avait faites à Rome contre lui depuis que les affaires d’Afrique étaient terminées. Dans cet embarras, il n’eut pas d’autre parti à prendre que de rester chez les Bargyliens. Il y vécut comme un loup affamé, pillant les uns, arrachant aux autres par force, et flattant quelques-uns, contre son naturel, pour avoir de quoi nourrir son armée qui souffrait. Il lui donnait tantôt de la viande, tantôt des figues, tantôt du pain en petite quantité, provisions qu’il tirait ou de Zeuxis, ou des Milésiens, ou des Alabandiens, ou des Magnésiens. Flatteur jusqu’à la bassesse à l’égard de ceux qui lui accordaient quelque secours, il se plaignait hautement de ceux qui lui en refusaient, et cherchait à s’en venger. Par le moyen de Philoclès, il fit des intrigues chez les Milésiens ; mais son imprudence les fit échouer. Sous prétexte qu’il avait une armée à nourrir, il fit du ravage dans la campagne d’Alabande. Chez les Magnésiens, ne pouvant avoir du blé, il prit des figues, et par reconnaissance, il leur donna un petit pays. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Attalus, après une bataille navale donnée à Philippe, vient à Athènes et persuade aux Athéniens de se liguer avec lui contre ce prince. — Honneurs qu’il reçoit dans cette ville.


Les Athéniens dépêchèrent au roi Attalus des ambassadeurs, tant pour le remercier de ce qu’il avait fait en leur faveur, que pour le prier de venir à Athènes, et délibérer avec eux sur le parti qu’on prendrait dans les circonstances présentes. Quelques jours après, ce prince, sur la nouvelle qu’il avait reçue que des ambassadeurs romains étaient abordés au Pyrée, crut qu’il était nécessaire de s’aboucher avec eux, et partit sans délai pour se rendre à Athènes. Au bruit de son arrivée, les Athéniens réglèrent comment on irait au-devant de lui, et avec quelle pompe et quel appareil on le recevrait. Entré dans le Pyrée, il passa tout le premier jour avec les ambassadeurs romains, et fut très-satisfait de les entendre parler de l’ancienne alliance qu’ils avaient faite avec lui, et de la disposition où il les vit de faire la guerre à Philippe. Le lendemain, avec les ambassadeurs romains et les magistrats, il monta dans la ville suivi d’un cortége très-nombreux ; car non-seulement les magistrats et les prê-