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POLYBE, LIV. XX.


II.


Réponse des Béotiens aux ambassadeurs d’Antiochus.


Antiochus avait envoyé des ambassadeurs aux Béotiens. Ceux-ci lui répondirent : « Quand le roi viendra vers nous en personne, alors nous verrons ce que nous aurons à répondre. » (Ambassades.) Dom Thuillier.


III.


Ambassades des Épirotes et des Éléens auprès d’Antiochus.


Pendant qu’Antiochus séjournait à Chalcis, vers le commencement de l’hiver il lui vint des ambassadeurs de la part des Épirotes et des Éléens, Charops pour les premiers, et Callistrate pour les autres. Charops le supplia de ne pas engager les Épirotes à avoir les premiers la guerre avec les Romains, et de faire attention que leur état était le premier qu’ils rencontreraient en venant d’Italie dans la Grèce ; que si, commandant dans l’Épire, il était en état de les défendre, tous les ports et toutes les villes lui seraient ouverts ; que s’il se voyait dans l’impuissance de les secourir, il voulût bien leur pardonner le refus qu’ils faisaient de le recevoir, et n’imputer ce refus qu’à la crainte qu’ils avaient d’être accablés par les Romains. Pour Callistrate, il pria le roi d’envoyer aux Éleens du secours contre les Achéens, qui avaient pris la résolution de leur déclarer la guerre, et de la part desquels ils craignaient une irruption. Le roi répondit à Charops, qu’il députerait chez les Épirotes pour délibérer avec eux sur ce qu’il convenait de faire, et il envoya aux Éléens mille hommes de pied, à la tête desquels il mit Euphane, Crétois. (Ambassades.) Dom Thuillier.


IV.


Les Béotiens.


Les affaires de ce peuple dépérissaient depuis long-temps, et l’ancienne gloire de leur gouvernement s’était presque évanouie. Au temps de la bataille de Leuctres leur réputation et leur puissance avaient fait de grands progrès ; mais dans la suite, sous la préture d’Amœocrite, l’une et l’autre s’affaiblirent, et enfin prenant tout autre route que celle qu’ils avaient auparavant suivie, ils perdirent toute la gloire qu’ils s’étaient acquise. Voici comment la chose arriva. Les Achéens, par une alliance faite avec eux, les avaient engagés à prendre les armes contre les Étoliens. Ceux-ci fondent avec une armée sur la Béotie. Les Béotiens s’assemblent en corps d’armée, et, sans attendre les Achéens qui devaient venir à leur secours, en viennent aux mains avec leurs ennemis. Défaits, ils se laissèrent tellement abattre, que depuis ce temps-là ils n’osèrent plus rien entreprendre pour recouvrer leur première splendeur, ni se joindre par décret public aux autres Grecs dans quelque expédition qu’on leur proposât. Ils ne pensèrent plus qu’à boire et à manger, et ils firent l’un et l’autre avec tant d’excès, qu’ils devinrent sans courage et sans force. Il est bon de marquer ici par quels degrés ce changement se fit.

Après leur défaite, ayant abandonné les Achéens, ils se joignirent à l’état des Étoliens, dont ils se séparèrent peu de temps après, lorsqu’ils les virent marcher contre Démétrius père de Philippe. Ce prince ne fut pas plutôt entré dans la Béotie, que, sans se donner le moindre mouvement pour le repousser, ils se livrèrent aux Macédoniens. Comme il