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POLYBE, LIV. XXII.

de la Carie jusqu’au Méandre, qui seraient données aux Rhodiens ; que celles des villes grecques qui auparavant payaient tribut à Attalus, le payeraient dorénavant à Eumène, et que toutes celles qui ne le payaient qu’à Antiochus en seraient exemptes. Telles furent les dispositions dont furent chargés les dix députés qui furent envoyés dans l’Asie au consul Cnæus.

Les affaires ainsi réglées, les Rhodiens vinrent au sénat pour traiter de la ville de Soles, qui est dans la Cilicie, faisant entendre qu’il était de leur devoir de veiller à ses intérêts, que les habitans étaient comme eux une colonie des Argiens, que pour cette raison ils se considéraient comme frères, et conservaient entre eux une union vraiment fraternelle, et qu’il était juste qu’à la faveur des Rhodiens ils obtinssent aussi leur liberté. Le sénat, sur cette demande, fit appeler les ambassadeurs d’Antiochus, et voulut que ce prince sortît de la Cilicie. Antipater et Zeuxis ayant refusé de se rendre à cette condition, qui était contre le traité, le sénat leur proposa de laisser en liberté la ville de Soles ; mais, comme les ambassadeurs résistaient encore, il les renvoya, et fit rentrer les Rhodiens, à qui il dit ce que les ambassadeurs d’Antiochus opposaient à leur demande. Il ajouta que si absolument ils voulaient que Soles fût libre, il passerait par dessus tout pour qu’ils eussent cette satisfaction. Mais ils furent si charmés de cet empressement du sénat à les obliger, qu’ils dirent qu’ils s’en tenaient à ce qu’il leur avait accordé, et Soles resta dans son premier état. Les dix députés et les autres ambassadeurs étaient près de partir, lorsque Publius et Lucius Scipion abordèrent à Brindes dans l’Italie. Ces deux vainqueurs d’Antiochus entrèrent quelques jours après dans Rome, et eurent les honneurs du triomphe. (Ambassades.) Dom Thuillier.


II.


Amynandre, rétabli dans son royaume, envoie des ambassadeurs aux Scipions à Éphèse. — Les Étoliens se rendent maîtres de l’Amphilochie, de l’Apérantie et de la Dolopie. Ils tâchent, après la défaite d’Antiochus, d’apaiser la colère des Romains.


Amynandre, roi des Athamaniens, se croyant alors tranquille possesseur de son royaume, envoya des ambassadeurs à Rome et aux deux Scipions, qui étaient encore autour d’Éphèse. Ces ambassadeurs avaient ordre premièrement de l’excuser sur ce que c’était par les Étoliens qu’il avait recouvré ses états ; en second lieu de porter ses plaintes contre Philippe, et enfin de prier qu’on le reçût au nombre des alliés.

Les Étoliens crurent alors avoir trouvé l’occasion favorable pour rentrer dans l’Amphilochie et dans l’Apérantie. Ils se proposent d’en aller faire le siége ; Nicandre, leur général, assemble une grande armée et se jette dans l’Amphilochie, d’où, ne trouvant nulle résistance, il passe dans l’Apérantie, dont les peuples, comme ceux de l’autre province, se rendirent d’eux-mêmes et de bon gré. De là il entra dans la Dolopie, où l’on sembla d’abord vouloir se défendre et demeurer attaché à Philippe ; mais, quand on eut fait réflexion à ce qui était arrivé aux Athamaniens et à la fuite de Philippe, on changea bien vite de sentiment et on se joignit aux Étoliens. Après des succès si heureux, Nicandre retourna dans l’Étolie bien content d’avoir, par ses conquêtes, mis sa patrie en état de ne rien craindre du dehors, au moins il se l’imaginait ainsi. Mais, pendant que les Étoliens se glorifiaient aussi de cette expédition, la nouvelle vint qu’il s’était donné une ba-