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POLYBE, LIV. XXII.

Au commencement de l’été, les dix commissaires et Eumène débarquèrent à Éphèse ; ils s’y reposèrent deux jours, et allèrent ensuite à Apamée. Manlius, en étant averti, envoya Lucius son frère avec quatre mille hommes chez les Oroandiens, pour les porter ou les forcer à payer les taxes qui leur avaient été imposées. Il se mit ensuite en marche, et se hâta de joindre le roi Eumène. Arrivé à Apamée, il tint conseil avec ce prince et les dix commissaires sur la paix dont il s’agissait. On la conclut enfin, et voici quels furent les articles du traité :

« L’amitié subsistera toujours entre Antiochus et les Romains aux conditions suivantes :

« Le roi Antiochus ne permettra le passage sur ses terres ni sur celles de ses sujets à aucune armée ennemie du peuple romain, et ne lui fournira aucun secours ; et réciproquement, ni Rome ni ses alliés ne souffriront qu’aucune armée passe sur leurs terres pour faire la guerre à Antiochus ou à ses sujets.

« Antiochus ne portera point la guerre dans les îles, et il renoncera à ses prétentions en Europe.

« Il retirera ses troupes de toutes les villes, bourgades et châteaux qui sont en deçà du mont Taurus, jusqu’au fleuve Halys, et de la plaine, jusqu’aux hauteurs qui sont vers la Lycaonie.

« Les troupes syriennes, en évacuant les places, n’en transporteront point leurs armes, et si elles en ont transporté, elles les restitueront.

« Antiochus ne recevra dans ses états ni soldats du roi Eumène, ni qui que ce soit.

« Si quelques habitans des villes que les Romains séparent du royaume d’Antiochus, se rencontrent dans son armée il les renverra à Apamée.

« Il sera permis à ceux du royaume d’Antiochus qui se trouveront, soit chez les Romains, soit chez les alliés, ou de s’en retirer ou d’y rester.

« Antiochus et ses sujets rendront aux Romains et à leurs alliés les esclaves, les prisonniers, les fugitifs qu’ils auront pris sur eux.

« Le roi de Syrie, s’il est en son pouvoir, remettra entre les mains du proconsul le Carthaginois Annibal, fils d’Amilcar, l’Acarnanien Mnésilochus, l’Étolien Thoas, Eubulis et Philon, tous deux Chalcidiens, et quiconque aura eu quelque magistrature dans l’Étolie.

« Il livrera tous les éléphans qu’il a dans Apamée, et il ne lui sera plus permis d’en avoir aucun.

« Il mettra les Romains en possession de toutes ses galères armées en guerre avec leur équipage, et ne pourra mettre en mer que dix vaisseaux, dont la chiourme ne sera que de trente rames, les eût-il mis pour une guerre qu’il commençait.

« Il bornera sa navigation au promontoire de Calycadne, si ce n’est lorsqu’il faudra conduire de l’argent, des ambassadeurs ou des ôtages.

« Il ne lui sera pas permis de lever des troupes mercenaires dans le pays romain, ni d’en recevoir même de volontaires.

« Les maisons qui, dans la Syrie, appartenaient aux Rhodiens ou à leurs alliés, demeureront en leur puissance, comme avant que la guerre leur fût déclarée.

« S’il leur est dû de l’argent, ils seront en droit de l’exiger, et on leur rendra ce qu’ils prouveront leur avoir été enlevé.