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POLYBE, LIV. XXVII.

Au spectacle d’une telle conduite, les hommes modérés ne savaient quelle opinion concevoir sur lui. Les uns le regardaient comme un homme simple et facile, d’autres, au contraire, comme un insensé. Il se conduisait avec la même bizarrerie dans les dons qu’il conférait : aux uns il donnait des dés, à ceux-ci de l’or ; il arrivait quelquefois que ceux qui le rencontraient par hasard, et ne l’avaient jamais vu, recevaient les présens les plus inespérés. Il surpassait tous ses prédécesseurs dans les sacrifices et offrandes faites en son nom aux dieux dans les différentes villes, témoin le temple de Jupiter Olympien, à Athènes ; témoin les statues placées autour de l’autel à Délos. Il se rendait habituellement aux bains publics, et au moment du plus grand concours de la multitude ; et, dans ce cas, il faisait porter devant lui des vases remplis des parfums les plus précieux. Un jour, quelqu’un, à cette occasion, lui disant : « Vous êtes bien heureux vous autres rois qui pouvez vous servir de parfums si agréables à l’odorat ; » il ne lui répondit rien, mais le lendemain, étant entré à l’endroit où cet homme se baignait, il ordonna qu’on lui versât sur la tête un très-grand vase des parfums les plus précieux, qu’on appelle stacté ou myrrhe liquide. À cette vue, tous les baigneurs accourent en foule pour se laver dans les restes de ce précieux parfum. Le roi lui-même suivit, mais son pied glissa sur les traces visqueuses qu’avait laissées le parfum ; il tomba au grand amusement de tout le monde. (Athenæi lib. v et lib. x.) Schweigh.




FRAGMENS
DU

LIVRE VINGT-SEPTIÈME.


I.


Les Béotiens se séparent imprudemment les uns des autres.


Pendant que les commissaires romains étaient à Chalcis, Lasys et Callias vinrent les y joindre de la part des Thespiens, et livrèrent leur patrie aux Romains. Isménias y vint aussi de la part de Néon, préteur des Béotiens, et dit que, par l’ordre du conseil commun de la nation, il remettait à la discrétion des commissaires toutes les villes de Béotie. Rien n’était plus opposé aux vues de Q. Marcius, qui aurait souhaité que cela se fût fait par chaque ville en particulier. C’est pourquoi, loin de faire un obligeant accueil à Isménias comme il avait fait à Lasys, aux députés de Chéronée, de Lébadie et aux autres, il ne lui marqua que du mépris, et les ordres qu’il lui donna, c’était moins des ordres que des insultes ; la moquerie alla si loin, que si Isménias ne se fût réfugié sous le tribunal des commissaires, il eût été assommé de pierres par quelques-uns des exilés qui avaient conspiré contre sa vie.

À Thèbes, dans le même temps, il