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POLYBE, LIV. XXVII.

on n’en peut douter, mais je ne sais si, dans certaines conjonctures, il est bien possible de la garder. Quoi qu’il en soit, voici la réponse qu’on donna aux ambassadeurs. « Point de paix pour Persée, s’il ne laisse au pouvoir du sénat de disposer de sa personne et de son royaume comme il lui plaira. » Cette réponse portée au roi et à ses amis, on fut frappé d’un orgueil si insupportable. Le conseil en fut choqué au point qu’on dit au roi que, quoi qu’il arrivât, il ne devait plus envoyer personne aux Romains. Persée ne fut pas de leur avis : non-seulement il y envoya plusieurs fois, mais il offrit un tribut plus considérable encore que celui dont Philippe avait été chargé. Toutes ses instances ne servirent qu’à lui faire reprocher par ses amis, que, victorieux, il se rabaissait autant que s’il eût été vaincu. N’ayant donc plus de paix à attendre, il revint à son premier camp de Sycurium. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Cestre (ou cestrosphendones). Ce nouveau genre de trait, inventé pendant la guerre persique, était long de deux palmes, et se terminait par un fer dont la douille occupait moitié. On y adaptait une hampe d’un empan et de la grosseur d’un doigt, au milieu de laquelle étaient fixés trois petits ailerons de bois. Ce javelot, placé à la jonction des deux courroies inégales d’une fronde, s’y trouvait en quelque sorte attaché, mais de manière à pouvoir se dégager facilement. En effet, dans le mouvement de rotation imprimé à la fronde, tant que les courroies étaient tendues, le trait restait en suspens ; mais dès qu’on lâchait une des courroies de la fronde, il s’en échappait vivement, et, tombant avec la rapidité d’une balle, blessait grièvement ceux qui en étaient atteints. (Suidas in Κέστρος.)


Cotys, roi de Thrace.


Outre une mine avantageuse et une force infatigable pour la guerre, on remarquait dans ce roi un caractère d’esprit fort différent de celui des Thraces : il était sobre, doux et d’une prudence peu commune. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Convention des Rhodiens avec Persée pour la rançon des prisonniers.


Quand la guerre de Persée contre les Romains fut finie, Anténor vint de sa part à Rhodes pour traiter de la rançon des prisonniers qui étaient sur mer avec Diophane. Le sénat rhodien fut partagé sur le parti que l’on devait prendre. Phîlophron et Théætète ne voulaient nulle liaison, nul traité avec le roi de Macédoine ; Dinon et Polyarate étaient d’un autre sentiment. Enfin les avis se réunirent, et l’on convint avec Persée pour la rançon de ces prisonniers. (Ibid.)


II.


Ptolémée gouverneur de Chypre.


Cet Égyptien était fort au-dessus des autres hommes de son pays, il était judicieux et entendu dans les affaires. Lorsqu’on lui confia le gouvernement de l’île de Chypre, le roi était encore jeune. Il mit tous ses soins à ramasser de l’argent, et n’en donnait rien à personne, quelques instances que lui fissent les économes royaux. Sa fermeté sur ce point allait si loin, qu’on l’accusait ouvertement de s’approprier les revenus de l’île. Mais quand Ptolémée fut en âge de gouverner par lui-même,